La fleur de l’ancien monde
Les roses sont cultivées depuis cinq mille ans par les Chinois qui lui ont découvert ainsi qu’à son fruit, le cynorhodon, de nombreuses propriétés. Réputée pour ses vertus, elle devient un élément indispensable de la pharmacopée chinoise, comme en témoigne l’un des plus anciens ouvrages de plantes médicinales retrouvé à ce jour, le Pen Tsao de Shen Nung, datant de 2 900 avant notre J.-C.. Confucius lui-même possède plusieurs traités sur les rosiers.
Trois mille ans avant notre ère, les peuples de Mésopotamie, de Perse, d’Égypte et de Grèce développent à leur tour la culture de la rose.
Les auteurs de l’Antiquité gréco-romaine (philosophes, historiens, géographes, poètes…) font souvent référence à la rose dans leurs œuvres, bien qu’il soit mal aisé d’en définir l’espèce ou la variété ou l’origine avec certitude.
Ainsi les poètes depuis la plus haute antiquité grecque la chantaient déjà tel : Hésiode au VIIIᵉ siècle av. J.-C., Archiloque de Paros au VIIᵉ siècle av. J.-C., VIᵉ siècle av. J.-C., Anacréon de Téos VIᵉ siècle av. J.-C.
Hérodote rapporte que le roi Midas au VIᵉ siècle av. J.-C., lorsqu’il a été chassé de Lydie par les armées perses, a emporté ses roses dans son exil en Macédoine.
Au IVᵉ siècle av. J.-C. le philosophe et naturaliste grec Théophraste est le premier à décrire la culture de la rose dans son ouvrage « Des odeurs et Histoire des plantes » où il y décrit des roses rouges, roses et blanches et note l’intensité du parfum.
Ainsi, du VIᵉ siècle av. J.-C. au IIᵉ siècle, durant toute cette période de domination grecque puis romaine, les roses circulent à travers tout l’empire : de Perse en Angleterre, de Grèce en Égypte, de Rome en Gaule et en Espagne.
La reine des fleurs
Qualifiée par la poétesse Sappho au VIᵉ siècle av. J.-C. de « reine des fleurs », elle aurait été créée, selon la mythologie gréco-latine, elle aurait été créée par la nymphe Chloris, déesse des Fleurs, Flora chez les Romains. La rose est consacrée à la déesse grecque de l’amour et de la beauté Aphrodite, puis à Vénus à l’époque romaine, d’Aurora, la déesse aux doigts de rose. Cupidon, fils de Mars, dieu de la Guerre, et de Vénus, porte, outre son arc et son carquois, une couronne de roses, tout comme Priape, dieu des Jardins et de la Fécondité.
Elle est aussi la fleur du « cantique des cantiques » du roi Salomon dont conventionnellement le règne s’étend de 970 à 931 av. J.-C. mais l’on pense que sa composition est attribuée à un compilateur du IVᵉ siècle av. J.-C. qui y aurait fondu différents poèmes.
Laissant une image d’un mode de vie raffiné et luxueux, la « reine des fleurs » est indissociable des fastes orientaux tels ceux du roi de Babylone Nabuchodonosor II, v. −605 à −562.
Il est dit de Cléopâtre, que pour séduire Marc-Antoine, couvrit son lit de 45 cm de pétales de rose.
Les patriciens romains ont coutume d’en joncher le sol les jours de banquets, mais aussi de draper leurs convives de guirlandes de fleurs et de leur présenter de l’eau parfumée pour leurs ablutions, ainsi que de leur servir du vin aromatisé et des entremets à la rose. Tandis que les patriciennes s’enduisent le corps d’huile parfumée.
Cet engouement généralisé eut pour conséquences dans un premier temps de faire venir la précieuse plante par bateaux entiers, puis de créer d’énormes roseraies au sud de Rome.
La rose fit l’objet de nombreux traités tant sur l’organisation des serres, de sa taille et de ses bienfaits.
Indissociable également de la poésie persane, la rose est utilisée comme métaphore pour évoquer la figuration de la femme aimée, mais également assimilée au vin, pour sa couleur riche et son parfum capiteux qui rappellent l’ivresse dont une coupe de vin est comparée à une rose sans épines.
Devenue la « reine des fleurs » en occident, elle partage cependant ce titre en Chine avec la pivoine.
Les roses des Romains
Au Ier siècle après J.-C. Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle décrit vingt sortes de rosiers nommées par le nom de leur lieu de provenance. Leurs descriptions permettent des suggestions d’identification de quelques-unes :
- la rose de Præneste semble être Rosa gallica versicolor ;
- la rose de Campanie est une forme de Rosa × alba semiplena ;
- la rose de Tachys est une forme de Rosa ×damascena ;
- la rose de Milet rouge à une dizaine de pétales est une variété de Rosa gallica ;
- la rose de Pangée est une autre Rosa gallica ;
- la rose d’Alabande est une Rosa × alba ;
- la rose d’automne ressemble à Rosa sempervirens ;
- la Spinolea est Rosa pimpinellifolia Myriacantha ;
Quant à la rose de Paestum chantée par Virgile, elle est vraisemblablement Rosa ×damascena.
Rosa gallica officinalis à l’époque romaine est la variété principalement utilisée pour la fabrication de l’essence de rose, la confection de guirlande, ou encore l’épandage de pétales et le remplissage de cousin. Lors des banquets, si une rose est suspendue, hommage à Harpocrate, dieu du silence, les invités doivent garder secrètes les paroles échangées « sous la rose ».
Les Romains en utilisent de telles quantités que la culture de la rose devient localement une activité économiquement importante et que Rome importe aussi par bateau des roses d’Égypte (dont c’est alors la plus importante exportation vers Rome), de Carthage et de Cyrénaïque (l’actuelle Libye).
De la fleur du mal à la Rose mystique
Probablement introduite et développée en Gaule par les Romains, la « reine des fleurs » est, dans un premier temps, rejetée par le christianisme en raison de ses liens avec le paganisme et symboles de ses excès. Sa culture est progressivement abandonnée et ses plants arrachés comme de vulgaires mauvaises herbes. Malgré tout, on sait qu’au VIᵉ siècle, sa culture sera conservée dans certains monastères et couvents où les clercs, gardiens des sciences, s’attachent à conserver et à transmettre les connaissances antiques sur la plante, en vue d’en exploiter ses vertus médicinales.
À la même époque, le roi Childebert Ier possède une roseraie (des roses de Paradis d’après l’évêque Fortunat) dans son domaine vers Saint-Germain-des-Prés et selon la tradition chrétienne, Saint-Médard, évêque de Noyon, aurait instauré dans son village natal de Salency, dans le Vermandois, un prix de vertu couronnant de roses la jeune fille la plus sage de la région, à laquelle il aurait attribué le titre de « rosière ». Au VIIIᵉ siècle, le Capitulaire De Villis de Charlemagne cite les roses parmi les plantes à cultiver.
Progressivement, les attributs païens de la fleur d’Aphrodite et de Venus glissent au cours des siècles suivant pour devenir ceux de la vierge Marie. Identifiée elle-même à la rose mystique et à l’« amour universel » qu’elle représente et est qualifiée de Rosa sine spina (la rose sans épines) par Saint-Bernard de Clairvaux dont le terme fut repris par des poètes et des musiciens comme étant la fleur entre les fleurs (Flos florum). L’évolution théologique de cette expression aboutira des siècles plus tard au dogme catholique de l’Immaculée Conception.
La rose devient un attribut du culte marial dont la guirlande de roses dont Marie est couronnée dans les représentations traditionnelles, appelé en latin ecclésiastique rosarium donnera le mot rosaire.
Elle représente également le prophète de l’islam Mahomet dans la littérature musulmane.
Par contre, les roses sont mal vues sur les autels domestiques bouddhistes à cause de leurs épines.
Le retour des croisades
Au XIIᵉ siècle, à la veille des croisades, Albert le Grand note comme rosiers cultivés Rosa rubiginosa, Rosa canina, Rosa arvensis et Rosa ×alba.
De retour de la 1ʳᵉ croisade, les croisés découvrent le charme des jardins orientaux et ramènent, du Proche-Orient, d’anciennes et de nouvelles variétés de roses en occident où la plante, comme à la période antique, elle redevient extrêmement présente dans la société laïque et religieuse. C’est à cette époque qu’en français le mot « rose », dérivé du latin rosa, rosae, apparaît et désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même.
Selon une légende, vers 1240, Thibaut IV dit le « le Chansonnier », comte de Champagne et roi de Navarre, aurait, à son retour de croisade, rapporté de Damas « dans son heaume » un rosier d’une excellente qualité, dont il aurait fait d’importantes plantations aux environs immédiats de Provins et qui donnera la fameuse « rose de Provins », la rosa gallica officinalis. Il rapporta également un morceau de la Vraie Croix et la tradition veut qu’il en ait rapporté le cépage Chardonnay qui entre dans la composition du champagne.
Cependant, au XIXᵉ siècle, le rosiériste et historien Charles Cochet-Cochet (1866-1936), contesta la légende, car cette variété était très courante en France depuis l’antiquité.
D’après une chronique, c’est Robert de Brie, à son retour de croisade vers 1254, rapporte à Provins dans ses bagages la très odorante « rose de Damas » ou Rosa damascena, dont on extrait l’huile de rose.
Quoi qu’il en soit, c’est à partir de cette époque que la culture de la rose en France débuta réellement avec Rosa gallica officinalis dite « Rose des Apothicaires » et que Provins devint célèbre pour ses roses, d’abord cultivées pour leurs vertus médicinales avant d’être appréciées pour leurs beautés. Elle fut aussi considérée par les alchimistes comme la flos sapientiae, la fleur de la sagesse et l’image de l’esprit clair.
Pendant cette première phase de domestication et d’utilisation des rosiers indigènes, les rosiers sont multipliés par drageons et boutures.
De l’emblème politique à l’inspiration artistique
Au XVᵉ siècle, la rose se fait, emblème politique à l’occasion, en Angleterre dans la terrible guerre des Deux-Roses, où deux branches de la famille des Plantagenêts se disputent la Couronne d’Angleterre et qui ont chacune une rose pour insigne : blanche pour les York, rouge pour les Lancastre.
Les deux familles, une fois réuni par le biais d’un mariage unissant Elisabeth d’York à Henri Tudor descendant des Lancastre, les deux roses seront réunies sur le blason des Tudor et donneront naissance à la rose du même nom, rouge avec un cœur blanc.
Dans le langage des fleurs, l’association des roses blanches et rouges est symbole d’union et d’harmonie.
En France, en 1402, le duc d’Orléans, frère de Charles VI, organise une fête en l’honneur de la rose et décide de créer à cette occasion un ordre de chevalerie dédié à la défense de l’honneur des dames. La poétesse Christine de Pisan, se trouvant parmi les invités, compose « le Dit de la rose », poème narratif évoquant les épisodes de cette célébration qui sera représentée à l’hôtel d’Orléans, le jour de la Saint-Valentin. À la Renaissance, on redécouvre les mythes antiques, où peintres et poètes associent la fleur à l’amour éternel. C’est à cette époque (juillet 1545) que Pierre de Ronsard, écrit l’un de ces plus célèbres poèmes « Mignonne, allons voir si la rose ».
À la fin du XVIᵉ siècle, les roses voyagent, il est importé de Perse en Europe la variété Rosa foetida tandis Des rosiers européens arrivent en Amérique du Nord, où existent déjà Rosa virginiana, Rosa carolina et Rosa setigera, mais jusque-là, les mutations et les hybridations sont spontanées.
Au XVIIᵉ siècle, les peintres flamands et hollandais lui accordent ensuite une place importante dans leurs représentations florales dont ils font un style à part entière.
Un peu délaissée à la fin du XVIIᵉ siècle, la rose revient à la mode dans la seconde moitié du XVIIIᵉ siècle. Elle orne délicatement les porcelaines et les marqueteries de bois précieux, fleurit sur les tentures et les jetés de lit, court sur les tapisseries de la manufacture des Gobelins ou glisse en cascade sur les robes délicatement brodées, comme le montre le portrait de Mme de Pompadour, peinte en pied par François Boucher 1756. Les amoureux de Jean Honoré Fragonard folâtrent en 1773, dans une roseraie, dans sa série de toiles consacrée aux âges de l’amour.
La peintre française Élisabeth Vigée Le Brun en fait l’accessoire essentiel de son ravissant portrait « Marie-Antoinette à la rose » qui sera exposé au Salon de peinture et de sculpture de 1783.
Des spécialistes sont parvenus à identifier l’espèce représentée, la préférée des peintres, il s’agirait de la fleur rose nacrée du rosier Rosa Centifolia, la rose à cent feuilles. Celle-ci, probablement né vers 1600 aux Pays-Bas, dont la forme généreuse lui vaut le surnom de « rose-chou ».
Les roses de Chine et du Bengale
En Europe, avant le XVIIIᵉ siècle, les introductions de nouvelles variétés étaient limitées souvent aux grands axes commerciaux et le caractère « remontant » de la floraison (capacité de refleurir) des rosiers est généralement absent des espèces connues de cette époque.
Bien des années après les croisades et l’introduction en occident des variétés du Proche-Orient, Nikolaus Joseph von Jacquin en 1768 publie dans Observationum Botanicarum les caractéristiques d’un cultivar découvert en Chine et rapidement sont importés en Angleterre quatre plants de rosiers chinois le Rosa chinensis :
- ‘Slater’s Crimson China’ (= ‘Miss Lowe’s’) en 1772,
- ‘Parsons’ Pink China’ (= ‘Old Blush China’) en 1773,
- ‘Hume’s Blush Tea-scented China’ en 1809
- ‘Parks’ Yellow Tea-scented China’ (R. indica sulphurea) en 1835.
Et en 1781, la forme rouge « Bengal Rose » importée du Bengale, d’où les synonymes de « rose du Bengale » et de « rose d’Inde » Rosa indica.
Cela aura comme conséquence d’impacter durablement l’histoire du rosier cultivé européen, car ces variétés chinoises remontantes ouvraient la porte à des floraisons de juin à octobre et à de multiple hybridation.
Ce ne sont pas des espèces sauvages, mais des variétés cultivées dans les jardins de Chine, sélections de Rosa chinensis ou hybrides de Rosa chinensis × Rosa gigantea auxquelles s’ajoute un Rosa chinensis jaune, ‘Park’s Yellow Tea-scented China‘ en 1824. Leur croisement avec les rosiers d’Europe va faire apparaître des centaines de roses nouvelles dont les rosiers Portland, les rosiers Noisette, les rosiers Bourbon, les rosiers thé, donc les rosiers polyantha, les hybrides de thé et tous les rosiers modernes.
Ainsi que la curieuse rose verte introduite dans le commerce en Europe en 1856 par les pépinières britanniques Bembridge and Harrison.
Les roses de l’impératrice
Au début du XIXᵉ siècle, l’impératrice Joséphine joue un rôle déterminant dans la création de nouvelles variétés de rosiers en France. Habitée par une véritable passion, elle constitue la plus importante collection de son époque, près de 250 variétés, dans son jardin de la Malmaison. En ces temps de conflit avec l’Angleterre, ordre est donné à la Marine de fouiller les navires ennemis afin d’en ramener les plants venus de Chine.
Pour immortaliser ces merveilles, Joséphine, dont le troisième prénom est Rose, les fait peindre par Pierre Joseph Redouté, 1759-1840. Les trois volumes de ces Roses marquent le sommet de son art.
Les roses du second Empire et de la belle époque
Au XIXᵉ siècle, le croisement des rosiers de Chine, de Bourbon, Portland et Noisette permet la création des rosiers « modernes ».
En Angleterre, en 1858, a lieu la première exposition nationale des roses, organisée par un passionné, le pasteur, mais aussi horticulteur Samuel Reynolds Hole (1819-1904). Celui-ci était doyen de la cathédrale de Rochester au Royaume-Uni et fondateur de la (Royal) National Rose Society. Il a publié de nombreux livres et participé à la popularisation de la culture des roses. Reconnu pour son expertise, il est un des premiers destinataires de la Victoria Medal of Honour (VMH) de la Royal Horticultural Society’s.
En France, c’est l’époque où les hybrides perpétuels remontants connaissent un grand succès, avec notamment les créations du rosiériste lyonnais Jean Liabaud.
En 1867, Jean-Baptiste Guillot dit Guillot fils (1827-1893) crée à Lyon avec ‘La France’, le premier buisson à grandes fleurs ou « hybride de thé ». C’est un nouveau groupe d’hybrides remontants, qui définit dès lors, les roses classées dans les groupes qui existaient en France avant 1867 constituent les Roses Anciennes, tandis que les Hybrides de thé et les groupes qui apparaîtront après ‘La France’ sont des Roses modernes.
Toujours à Lyon, en 1875, la famille Guillot (père, fils et le petit-fils Pierre) obtiendra par hybridation de Rosa multiflora, un rosier liane rapporté du Japon au XVIIIᵉ siècle, les buissons à petites fleurs en bouquets ou Polyanthas, des petits rosiers à floraison continue jusqu’aux gelées. Leur croisement avec les Hybrides de thé donnera les nombreux rosiers buissons à fleurs groupées, les « floribundas ».
C’est encore à Lyon que, grâce à Pernet-Ducher, la couleur jaune fut introduite dans les roses cultivées contemporaines. La rose la plus célèbre et la plus vendue au monde à ce jour est d’ailleurs une rose jaune : ‘Madame Antoine Meilland’, obtenue à Antibes par Francis Meilland (1912-1958).
Les roses chinoises vont rendre la floraison de plus en plus continue, on obtiendra des roses aux formes régulières, aux couleurs stables au cours de la floraison et des saisons, mais aussi souvent sans parfum.
En 1886, la Société française des roses est fondée à Lyon (considérée comme la capitale des roses).
Toujours à la fin du XIXᵉ, des grimpants ainsi que les rosiers Rugueux sont introduits du Japon, ils seront aussi croisés avec les Roses Anciennes.
Le XXᵉ siècle voit la gloire des rosiers buissons à grandes fleurs avec les créations de Georges Delbard, de Meilland, de Griffith Buck.
Les roses anglaises
Il faudra attendre les années 1960 pour voir apparaître de nouveaux groupes de roses pour le jardin. Le plus connu aujourd’hui est sans conteste celui des roses qu’on peut qualifier de « Roses rétro » obtenues en Angleterre, par David Austin, en croisant des galliques (notamment ‘Belle Isis’) et des Damas à des roses modernes. Elles sont connues sous leur nom de marque commerciale de « Roses Anglaises ».
Les « rosiers anglais » allient les formes des roses anciennes (très doubles, en forme de coupe ou de rosette) à la « floribondité » des roses modernes. De plus, elles apportent de nouveaux parfums. La première qu’il obtient est ‘Constance Spry’ en 1961.
Les roses anglaises sont le plus souvent parfumées, fleurissent longtemps dans une large gamme de couleurs et font de bonnes fleurs à couper.
Bien que les roses d’Austin ne soient pas officiellement reconnues comme une classe distincte, elles sont néanmoins communément désignées par les rosiéristes, tant dans les pépinières et que dans la littérature horticole comme « English Roses » ou « Austin Roses ».
Les nouvelles « roses Générosa » de la maison Guillot, créées par Dominique Massad, (né en 1955), arrière-petit-fils de Pierre Guillot sont de la même veine.
Curieusement, une dénomination commune à l’ensemble de ces rosiers Rétro n’est pas acceptée par la Fédération Mondiale des Associations de Roses.
Les roses au XXIᵉ siècle
L’évolution de la connaissance génétique ouvre de nouvelles pistes aux processus de floraison : induction florale, date de floraison, remontée de la floraison, couleur, parfum. Elles se concentrent sur des approches génétiques et moléculaires (étude des populations issues des croisements). Deux gènes commandent la remontée de la floraison et le nombre des pétales de la fleur simple. De nombreux gènes commandent la composition du parfum, rendant ce caractère très complexe à sélectionner.
Les fleurs roses ont toujours été cultivées dans un nombre varié de couleurs variant en intensité et en teinte ; Cependant, il leur manque le pigment bleu qui donnerait une vraie couleur violette ou bleue et jusqu’au XXIᵉ siècle, toutes les vraies fleurs bleues ont été créées à l’aide d’une certaine forme de colorant. Maintenant, grâce à la modification génétique, une société japonaise a réussi à créer une rose bleue en 2004. Les couleurs sont sélectionnées grâce à des programmes de sélection végétale qui existent depuis longtemps. Les roses sont souvent sélectionnées pour des combinaisons de couleurs nouvelles et intrigantes qui peuvent atteindre des prix élevés sur le marché.
Le nom de la rose
La rose est l’une des très rares fleurs ayant un nom dédié, différent des noms donnés à la plante elle-même : la rose est la fleur du rosier.
Si le mot rose, attesté en français au début du XIIᵉ siècle, remonte au latin rosa, mais son étymologie est controversée.
Certains voient dans l’origine du mot latin, le grec ancien rhódon, issu du grec éolien wrodion, lui-même, dit-on, emprunt à un vieux perse ºwurdi, comparable au parthe wâr et au sanskrit vrad, qui signifie « adoucir ».
Pour d’autres, ont voulu y voir une origine sémitique, comme Antoine Laurent Apollinaire, Fée en 1822 fait remarquer que le mot grec pourrait bien dériver de l’arabe ward « fleur(s) », wardi « rose ». Cette hypothèse est défendue entre autres par l’orientaliste William Wrighten en 1874, le linguiste français Michel Masson en 1989, et plus récemment, Jean- Claude Rolland a démontré que l’arabe ward ne doit rien au persan ni à l’indo-européen, mais est bien d’origine sémitique que l’on retrouve dans l’araméen wurrdā ou l’assyrien wurtinnu par exemple.
Il est tentant de rapprocher « rose » de « rosée » mais cette similitude apparente, source d’inspiration inépuisable des poètes, est fortuite. Rosée vient du latin populaire rosata, issu du latin classique ros : la rosée.
Le succès de cette fleur lui vaut également de participer à l’appellation d’autres espèces sans lien avec la famille des Rosacées comme la « rose de Noël » (Helleborus niger) ou la « rose de carême » (Helleborus orientalis, Ranunculaceae), la « rose de Chine » (Hibiscus, Malvaceae), la « rose de porcelaine » (Etlingera elatior, Zingiberaceae).