Le quinquina ou l’écorce du Pérou

e ’histoire du quinquina est relativement récente, ses vertus étaient connues des Indiens bien avant l’arrivée des conquistadors, même s’il est généralement admis que le paludisme n’existait pas avant l’arrivée des Espagnols. On ne sait pas vraiment quel rôle ont pu jouer les Amérindiens dans la découverte des propriétés fébrifuges de l’écorce de quinquina.

Découvert au XVIIe siècle par les jésuites au Pérou, ceux-ci constatent son efficacité contre les fièvres intermittentes, mais son identité botanique ne fut révélée qu’au XVIIIe siècle. La fin XIXe siècle marque le passage du quinquina sauvage au quinquina de plantation après la raréfaction de ce premier, tandis que la seconde moitié du XXe siècle, marque l’apparition des antipaludiques de synthèse qui éclipsent totalement la quinine d’extraction.

Origine étymologique

L’origine du mot quinquina est basée sur un récit légendaire quelque peu approximatif et confus associant les mots quiquina et chinchona. La source de ces deux termes remonte à un écrit de 1639 et publié en 1663 d’un médecin génois Sebastiano Bado sur l’écorce péruvienne. Bien que l’auteur, n’ayant jamais été en Amérique du Sud, il nous livre le récit de l’histoire de la comtesse de Chinchón, première femme du vice-roi du Pérou, qui avait contracté une fièvre tierce (une des formes de la malaria). Juan López de Canizares, gouverneur de Loja, écrivit au vice-roi pour lui raconter sa guérison par le « quinaquina ». On convoqua le gouverneur, le médicament fut administré à la comtesse et, « à la stupéfaction générale, elle guérit », conclut Bado.

Sur la foi de ce récit, Carl von Linné créa le genre Cinchona (en oubliant un h au passage). Des études récentes montrent que ce récit est certainement apocryphe et que la découverte des propriétés médicinales de l’écorce du Pérou revient aux jésuites de Lima qui jusque-là le dénommait « l’arbre de la fièvre » (l’arbol de las calenturas). Sebastiano Bado fut malgré tout le premier à employer le mot de quinquina et justifia ce terme en prétendant que kinakina en langue quechua désignait l’arbre donnant l’écorce du Pérou.

Mais cette information était visiblement erronée, car il est maintenant établi que ce terme désigne un tout autre arbre : le Myroxylon peruiferum utilisé notamment pour sa résine ou son latex. Le témoignage de l’explorateur et naturaliste Francis de Laporte de Castelnau, responsable de l’expédition scientifique française en Amérique du Sud au milieu du XIXᵉ siècle, est limpide à cet égard quand il écrit qu’en Bolivie : « Mon guide fut plus heureux lorsqu’il s’agit de me montrer l’arbre dont on retirait l’encens qu’il brûlait sur l’autel de l’église de Guterrez. C’est un des végétaux les plus répandus, et en même temps les plus intéressants des forêts de la Cordillère des Andes, où il est généralement connu sous le nom de quinaquina (Myroxylon peruiferum). »

Baumier du Pérou
Le baumier du Pérou (Myroxylon balsamum) ou encore baumier de Tolu (Myroxylon toluiferum) est une des variantes du Myroxylon peruiferum qui peut mesurer de 15 à 20 m et dont la résine est utilisée sous forme de baume expectorant anti-inflammatoire et pectoral. On lui attribue aussi des propriétés antiseptiques, cicatrisante, anti-douleur, anti-rhumatismale et antispasmodique.
Sa résine est employée dans la parfumerie, l’industrie cosmétique et alimentaire, ainsi que la santé.

Cinchona et variétés de quinquina

En 1753, sur la base des informations recueillies par l’explorateur et scientifique français Charles Marie de La Condamine sur des « arbres des fièvres » découvert en Amérique du Sud, le naturaliste suédois Carl von Linné (Carl Linnæus) créé le genre Cinchona qui regroupe environ 23 espèces d’arbres ou d’arbustes dont certaines produisent de la quinine.

Les Cinchona sont pour l’essentiel des plantes andines. Cinchona pubescens (quinquina rouge) est l’espèce la plus largement répandue et c’est la seule à s’étendre de la Bolivie jusqu’en Amérique centrale et sur les côtes du Venezuela. L’écorce des quinquinas jaunes (Cinchona calisaya) et rouges (Cinchona pubescens) contient des alcaloïdes, dont la quinine, réputée pour ses propriétés antipaludiques, tandis que le Quinquina gris (Cinchona officinalis) ne détient que quelques traces de quinine.

Quinquina gris

Le Cinchona officinalis est un arbuste pouvant atteindre 6 m de hauteur, dont la distribution naturelle semble se limiter à une aire restreinte des régions andines du sud de l’Équateur, à une altitude variant entre 1 700 et 3 000 mètres.

Son écorce est riche en composés phénoliques au pouvoir antioxydant élevé. Elle contient aussi des acides organiques, des saponosides aux propriétés moussantes et détergentes ainsi que de l’huile essentielle. Le quinquina gris est moins riche en alcaloïdes quinoléiques que ses cousins les quinquinas rouge et jaune.

Le Cinchona officinalis n’a d’officinalis que le nom, car pauvre en quinine, il a un usage médicinal très restreint, il est surtout utilisé dans de nombreuses boissons amères, des vins aromatiques, les shampoings et les lotions capillaires.

Quinquina jaune

Le Cinchona calisaya est un arbuste parfois lianescent, ou un arbre pouvant atteindre 15 mètres de hauteur, dont le feuillage vert toute l’année (sempervirent). Originaire du Pérou et de la Bolivie, il a été très cultivé à la fin du XIXe siècle pour son écorce riche en quinine, à Java, en Afrique et en Amérique tropicale. Il se rencontre à des altitudes variant de 200 m à 3 300 m et dans des environnements variés allant de forêts humides aux pentes volcaniques.

Le Quinquina jaune se compose d’une trentaine d’alcaloïdes tels que les quinoléiques dont les principaux sont : la quinine et la quinidine et d’autres substances analogues comme la cinchonidine et la cinchonine ou des alcaloïdes indoliques comme la cinchonamine.

Son écorce contient également des composés phénoliques, des acides organiques (acide quinique), des saponosides et de l’huile essentielle (alpha-terpinéol, linalol, limonène).

La teneur en quinine de l’écorce du Quinquina jaune est la plus forte de tous les Cinchona analysés.

Aujourd’hui, l’écorce de quinquina continue à être utilisée dans de nombreux pays de production, sous forme de décoction ou d’infusion. Son usage en phytothérapie antipaludique y est attesté, ainsi qu’utilisée en cas d’anémie, de désordres gastro-intestinaux, de fatigue, et de fièvre diverse.

Quinquina rouge

Le Cinchona pubescens est un petit arbre sempervirent, originaire de la Cordillère des Andes et d’Amérique centrale, pouvant atteindre 10 m de hauteur avec un tronc de 20 cm de diamètre. Une fois prélevée, son écorce riche en quinine tend à devenir brun rougeâtre sur sa face interne. Le Quinquina rouge dans les montagnes, entre 600 et 3 300 mètres d’altitude et aa été cultivé en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Il est aussi un des arbres les plus envahissants des îles Galápagos où il s’est répandu sur au moins 11 000 ha des hauteurs de l’île de Santa Cruz. Il pose également des problèmes à Hawaii et dans la Polynésie française (Tahiti et Iles de la Société).

Si son écorce est riche en alcaloïdes quinoléiques et même s’il est très riche en quinine, elle l’est légèrement moins que son cousin le quinquina jaune.

Le quinquina rouge renferme par ailleurs, comme tous les autres membres de sa famille, des composés phénoliques, des acides organiques (acide quinique), des saponosides, et de l’huile essentielle (alpha-terpinéol, linalol, limonène).

Son usage contemporain est le même que celui de son parent le quinquina jaune.

L’herbe des jésuites

Ce furent les jésuites qui, grâce à leur implantation mondiale, trouvèrent dans le Nouveau Monde la plante guérisseuse des fièvres palustres où le paludisme avait commencé à sévir.

Il semble que le paludisme n’existait pas avant l’arrivée des Espagnols et des Portugais en Amérique du Sud, mais une plante était bien connue des Indiens pour ces propriétés fébrifuges. Il semble donc que les Indiens de l’époque précolombienne n’utilisaient pas traditionnellement son écorce contre le paludisme. Mais quel rôle les Indiens ont-ils pu jouer dans la découverte des propriétés antipaludiques de l’écorce des fièvres (quinquina) ?

Au XVIIe siècle, où le paludisme avait commencé à sévir suite à la conquête coloniale, les jésuites évangélisent les Indiens quechuas (Pérou).

Et d’après le témoignage d’un récit dans lequel, vers 1620, ils proposent de l’écorce des fièvres (quinquina) que l’on trouve à l’état naturel chez eux, à un missionnaire jésuite, victime d’une violente crise de paludisme. D’après un autre récit que publia un médecin lusitano-espagnol, Caldera de Heredia publié en 1663, nous dit que : les pères jésuites eurent l’idée d’utiliser la poudre des fièvres après avoir vu des mineurs indiens grelotant de froid après la traversée d’un torrent et prendre de l’écorce d’un arbre pour soulager leurs tremblements. Par analogie, ils supposèrent qu’un remède calmant les tremblements pouvait être employé pour soigner les fièvres intermittentes, dont la malaria.

En 1605, Le frère jésuite italien Agostino Salombrini (1564-1642), pharmacien de profession, arrive à Lima où il est nommé infirmier au collège Saint-Paul où il restera 37 ans. Il s’agit du plus important établissement jésuites dans l’empire colonial espagnol. Au fil des années, il réalise un jardin médicinal constitué de plantes recommandées par les indigènes, puis les expérimente dans son laboratoire.

Dès les années 1620, la réputation du frère Salombrini et de sa pharmacopée dépasse les murs du collège et des établissements jésuites, et même de la capitale de l’empire colonial espagnol. Cela tourne même à du commerce, ce qui ne manque pas d’inquiéter ses supérieurs religieux.

De l’herbe à la poudre

Ayant établi les propriétés médicinales du quinquina, Salombrini en fait la distribution dans les missions avoisinantes. Le succès remarquable obtenu fait qu’en 1642 le père Alonso Messia Venegas, est chargé d’en emporter avec lui à Rome. Le cardinal Juan de Lugo, homme influent et fort intéressé à la médecine, contribue à faire connaître la « poudre des jésuites ». Très rapidement, son extraordinaire efficacité comme médicament fébrifuge est connue à travers toute l’Europe.

Mais les mérites de l’écorce du Pérou ne s’imposèrent pas immédiatement, car il fallait trouver le bon emploi, le bon dosage et, dans certains pays, vaincre les réticences des protestants face à une drogue papiste, que certains d’entre eux considèrent comme une « fraude typiquement jésuite ».

Au XVIIIe siècle, Alexandre von Humboldt commentera : « Parmi les physiciens protestants, la haine des jésuites et l’intolérance religieuse eurent une grande place dans la controverse sur les aspects positifs ou négatifs de l’herbe du Pérou ».

Pendant plus d’un siècle (jusqu’à sa suppression en 1773) la Compagnie de Jésus a pratiquement le monopole de l’écorce qui, bien au-delà du monde de leurs collèges et de leurs amis et bienfaiteurs, devient un véritable commerce pour eux. Tout jésuite voyageant d’Amérique du Sud en Europe emporte de grandes quantités d’écorce de quinquina dans ses bagages. En 1658, apparaît dans un hebdomadaire londonien, le Mercurius Politicus, l’avis suivant : « L’excellente poudre connue sous le nom de poudre des jésuites peut être obtenue auprès de plusieurs apothicaires de la ville ».

À la fin du XVIIIe siècle, toutes les écorces vont directement en Espagne d’où elles sont redistribuées vers les autres pays d’Europe. Un commerce de contrebande existe depuis l’Amérique du Sud vers les États-Unis et l’Angleterre.

Acceptation des bien-faits

L’entrée du quinquina dans le répertoire médical européen n’est pas évidente : la maladie qu’il soigne est ancestrale et banale. Il doit s’imposer à d’autres façons de traiter les « fièvres intermittentes » ainsi que combattre les certitudes, hésitations et préjugés, théologiens et médecins européens, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, à propos de ces plantes et des usages qu’en font les Indiens. De plus, l’échec du remède sur l’archiduc Léopold d’Autriche est l’occasion pour son médecin Jean-Jacques Chifflet de produire un « pamphlet » pour dénoncer les méfaits du produit.

Au XVIIe siècle, l’écorce des jésuites est peu appréciée en Angleterre. Au problème de posologie qui restait encore très mal définie, s’ajoute le contexte politique et religieux. Pourtant, c’est un Anglais particulièrement futé, Robert Talbor (1642-1681), qui sut vaincre les préjugés de ses contemporains. Ayant appris auprès d’un apothicaire comment doser l’écorce du Pérou pour soigner la fièvre sans provoquer d’effets secondaires calamiteux, il proposa son propre remède miraculeux à la composition tenue soigneusement secrète, tout en feignant officiellement de condamner la poudre des papistes.

Il soigna avec succès le roi Charles II d’Angleterre qui l’envoya par la suite en France, conseillée par sa maîtresse française Mlle de Keroual qui était une espionne placée là par Colbert, à la cour de Louis XIV, soigner le roi, le dauphin et nombre de princes, toujours avec le même succès. À sa mort, on apprit que l’ingrédient principal de sa potion miraculeuse était l’écorce de quinquina dont le goût amer était masqué par du sirop.

La guérison du roi Louis XIV en 1686 a largement contribué à la diffusion du quinquina. Ce fut le point de départ de ce qui ressemble à une politique de santé dont l’objectif fut de répandre l’usage du remède à l’ensemble du royaume. Le remède est utilisé dans la colonie française en Inde au milieu du XVIIIᵉ siècle, comme en témoigne le récit d’Anquetil Duperron.

La Fontaine : « Poème sur le quinquina »
Le « nouveau » remède fait parler de lui et passionne l’élite cultivée. On aborde le sujet dans les salons, d’où en 1682 le célèbre « Poème sur le quinquina » Jean de La Fontaine, ami du médecin Monginot, dédié à son amie la duchesse de Bouillon :
« … Ce dieu (Apollon), dis-je, touché de l’humaine misère,
Produisit un remède au plus grand de nos maux :
C’est l’écorce du kin, seconde panacée
(…)
Nulle liqueur au quina n’est contraire :
L’onde insipide et la cervoise amère,
Tout s’en imbibe ; il nous permet d’usé
D’une boisson en ptisanne apprêtée. »
Poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, dans lequel il tire à boulets rouges sur le corps médical officiel de l’époque, ses pratiques obsolètes et conservatrices.
« Le quin règne aujourd’hui : nos habiles s’en servent.
Quelques-uns encore conservent
Comme un point de religion,
L’intérêt de l’École et leur opinion.
Ceux-là même y viendront… »
Et le poète d’ajouter, bien renseigné, par Monginot, qui lui avait expliqué l’intérêt et la quasi-inocuité du remède « jésuite », préconise d’utiliser ce médicament dans les premiers stades de la fièvre et de ne pas attendre que l’on soit en phase terminale :
« Laissez un peu de temps agir la maladie,
Cela fait, tranchez court… »

De la cueillette à la culture

Jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle, les marchés européens étaient approvisionnés en écorces du Pérou, à partir des forêts de Loja (actuellement dans l’Équateur). Déjà Charles Marie de La Condamine et Joseph de Jussieu avaient constaté la surexploitation des arbres à quinquina dans les années 1737-1739, aussi dans les décennies suivantes ces arbres ne cessèrent de se raréfier dans la région de Loja. Puis lorsque les chimistes eurent mis en évidence les fortes teneurs en quinine du quinquina jaune, les forêts de Bolivie où cet arbre croît en abondance furent aussi exploitées.

Confiée à des « cascarilleros » ou « cascadores » (cascara signifie « écorce » en espagnol), la récolte des écorces, périlleuse, se faisait sans aucun souci du renouvellement de la ressource. Jusqu’à leur expulsion du Pérou en 1767, les Jésuites tentèrent de préserver la ressource en exigeant de replanter, en forme de croix, cinq arbrisseaux pour un arbre abattu.

« … l’affluence des cascarilleros (écorcheurs) dans les forêts devint si considérable qu’en peu de temps, il resta à peine un arbre à quinquina dans le voisinage des lieux habités, et les exportations de la drogue devinrent si considérables qu’elle tomba à vil prix », observait le botaniste Hughes Weddell en 1853, « Il est de toute évidence que le quinquina calisaya (Quinquina jaune), si on continue à l’exploiter de la sorte, finira tôt ou tard par disparaître plus ou moins complètement de nos marchés… ». Le maximum du prélèvement sera atteint en 1882 avec 10 000 tonnes d’écorce sauvage produite, ce qui est beaucoup, compte tenu des méthodes prédatrices d’exploitation et très peu, compte tenu des besoins considérables en quinine de la population mondiale impaludée. D’après l’évaluation de B. Etemad cette production couvrait les besoins de 3 % de la population impaludée.

Jusqu’au milieu du XIXᵉ siècle, la production du quinquina sauvage se trouvera uniquement dans le domaine colonial espagnol (Pérou, Bolivie, Équateur et Colombie). Pour répondre au besoin grandissant en quinine, les puissances européennes vont chercher à « acclimater » la plante dans leurs colonies. Les gouvernements des pays producteurs avaient mis en place un embargo sur l’exportation de graines ou de plants.

Plantations commerciales dans les colonies européennes

Les Britanniques furent les premiers à se lancer dans la culture commerciale du quinquina vers 1850. En 1860, une expédition britannique en Amérique du Sud, commandée par Clements Markham, était parvenue à sortir des graines et des plants de quinquina ; ils furent introduits dans plusieurs parties du Raj britannique.

D’abord dans la région chaude et humide de Darjeeling en Inde du Nord, puis à Ceylan. Là, ils cultivèrent avec succès le quinquina rouge jusqu’en 1885 environ.

En 1883, 260 km² étaient en culture à Ceylan. Les exportations connurent un sommet de 15 millions de livres en 1886. Ce fut l’époque du monopole britannique de la culture du quinquina. La culture s’effectuait sous la supervision de l’État.

Le Raj britannique est le nom du régime colonial britannique qu’a connu le sous-continent indien de 1858 à 1947. Le Raj débuta en 1858 par le transfert des possessions de la Compagnie des Indes orientales à la Couronne britannique en la personne de la reine Victoria, proclamée impératrice des Indes en 1876.
Il succéda à la Compagnie britannique des Indes orientales créée le 31 décembre 1600 par une charte royale de la reine Élisabeth Ire d’Angleterre lui conférant initialement pour 20 ans le monopole du commerce dans l’océan Indien.
Raj : est un mot commun au sanskrit, au hindi et à d’autres langues indiennes et signifiant « royaume », « règne », « domination » ou « gouvernement »

Les Néerlandais firent de nombreux essais d’introduction de la culture du quinquina à Java dans les Indes néerlandaises avec les spécimens rapportés en 1845. Une tentative de culture à Java fut faite en 1852 sans succès commercial, les espèces cultivées étant trop pauvres en alcaloïdes. Une seconde tentative fut faite à partir de graines rapportées par une mission du Pérou, et qui arrivèrent à Batavia en 1854. Elles furent complétées par des graines subtilisées en Bolivie en 1865 par un commerçant britannique Charles Ledger qui les mit en vente sur le marché de Londres où les Néerlandais purent s’en procurer. Les graines de Ledger semées à Java produisirent 20 000 plantes qui furent en grande partie à l’origine des plantations.

Le succès de la culture commerciale est due à l’espèce Cinchona ledgeriana, c’est-à-dire le quinquina jaune, très riche en quinine. Mais aussi, d’après l’enquête de Sands effectuée en 1922, à une excellente méthode culturale, sur un sol approprié, à la bonne altitude (entre 1000 et 1 800 m), à une température et pluviosité favorable, et à l’abondance de main-d’œuvre bon marché.

Grâce à leur savoir-faire, les Néerlandais vont alors complètement dominer la production mondiale d’écorce de quinquina et de quinine jusqu’en 1939. Les Indes néerlandaises assureront environ 90 % de la production mondiale d’écorce de quinquina durant la période de l’entre deux guerres.

Le succès commercial de la culture du quinquina à Java par les Hollandais va ruiner en quelques années les plantations de Ceylan. Les Anglais suppléent alors ce désastre en y développant la culture du thé.

Les Français se lancèrent tardivement dans sa production, tentèrent d’implanter la culture du quinquina en Indochine en 1917 par l’Institut Pasteur, puis les années 20 au Congo, en Guinée, au Togo, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, à Madagascar, à la Réunion…

Les Belges dès 1921 développèrent au Congo belge des plantations de Cinchona succirubra (un des synonymes du quinquina rouge) autour du lac Kivu à 1 500 m d’altitude.

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