Connu pour ses propriétés anti-fièvres et tonifiantes, le quinquina rentre dans la composition de nombreux produits courant tant la cosmétique, que dans des fortifiants ou que dans la fabrication de nombreuses boissons aux vertus plus ou moins tonifiantes et prophylactiques.
La Quintonine
Un des élixirs à base de quinquina les plus connus en France fut sans aucun doute la Quintonine ! Avec son slogan publicitaire des années 1930 : « la Quintonine donne bonne mine ». Elle était réputée pour ses prétendues vertus contre le traitement de la fatigue et de l’asthénie (affaiblissement de l’organisme, fatigue physique). La Quintonine était vendue en pharmacie sous la forme de deux flacons de 90 ml. L’extrait pouvait se boire pur, mais aussi se mélanger avec du sucre et du vin rouge afin de constituer une sorte d’apéritif fortifiant.
Elle fut inventée en 1910 par Eugéne Cayron, un pharmacien basé de Châteauroux puis développée par le gendre de Cayron, Victor Hélin (également inventeur de la pastille Pulmoll) entre 1910 et 1945. après la seconde guerre mondiale, elle est produite de façon industrielle. Sa commercialisation a été arrêtée le 7 juillet 2011.
Le quinquina pour les cheveux
Si l’utilisation du quinquina est relativement connu dans l’utilisation alimentaire et pharmaceutique, la quinine détient pareillement des agents actifs pour la cosmétique dans le domaine capillaire. Les propriétés fortifiantes du quinquina en font un composant des shampooings et des lotions capillaires pour cheveux ternes, dévitalisés et gras ainsi que pour limiter la chute des cheveux. Cependant, rien ne permet de confirmer l’efficacité dans ce domaine.
Les boissons à base de quinquina
Les Quinquinas
« Les Quinquinas » (vins apéritifs à base de quinquina) sont des boissons créées pour la plupart au XIXe siècle mêlant intérêts gustatifs et vertus thérapeutiques. Leurs propriétés toniques, fortifiantes, apéritives et fébrifuges étaient mis en avant, y compris dans la publicité, les transformant en une sorte de vin-médicament qui fond d’eux des apéritifs très prisés à la fin du XIXe et au
début du XXe siècle et qui étaient encore très « tendance » jusqu’aux années 1950 pour être peu à peu remplacés par les consommateurs au profit des vins doux naturel comme Banyuls, muscats de Frontignan ou de Rivesaltes.
Ces vins apéritifs à base de quinquina étaient relativement faciles à réaliser, car il suffisait de faire macérer des écorces de quinquina dans du vin et de l’alcool auquel on pouvait ajouter d’autres arômes et donc très facile à préparer. Il existe de très nombreuses marques qui développent leur propre apéritif à base de quinquina : Byrrh, Cap Corse, Dubonnet, Lillet, Saint Raphaël.
Le vermouth
Les quinquinas rentrent dans la catégorie des vermouths. Le vermouth étant un vin aromatisé et fortifié par adjonction de mistelle, d’eau-de-vie ou de liqueur. Il titre entre 16° et 18°. La dénomination « vermouth » viendrait d’un turinois Antonio Benedetto Carpano qui en 1786 aurait repris et adapté une recette d’apéritif allemand à base de vin et de Wermut (absinthe en allemand), qui le défini comme un « vin liquoreux aromatisé de plantes amères et toniques ». Parmi les grandes marques de vermouths, on trouve le Martini, le Cinzano, le Lillet, le Byrrh …
L’origine des marques
Le Dubonnet
Élaboré en 1846 à Paris par Joseph Dubonnet pour lutter contre le paludisme, il met au point un médicament au goût amer, qu’il masque avec une décoction d’herbes et d’épices à forte saveur. Utilisé à cette époque par les soldats de la Légion étrangère en Afrique du Nord pour lutter contre la malaria présente dans les marécages infestés de moustiques. Par la suite, la légende veut que ce soit l’épouse de Joseph Dubonnet qui soit la première à le servir à ses amis en apéritif, puis le bouche-à-oreille assura la popularité du Dubonnet.
Le Byrrh
Créé par trois drapiers ambulants, les frères Pallade et Simon Violet, décidés à de profiter du développement vinicole que connaissait la région de Thuir à cette époque, pour élaborer un médicament à base devins, de quinquina et composé de différentes épices telles que le café, le cacao, la fleur de sureau, la camomille, etc. Ce nouveau médicament concurrençant les élixirs à base de quinquina fut mal accueilli par les pharmaciens et retiré de la vente. Ils modifièrent alors leur recette, réduisant la dose de quinquina, et le vendent comme apéritif. Bénéficiant de cette réputation de « boisson hygiénique », le Byrrh connaît un vif succès commercial au début du XXe siècle et atteint dans les années 1930 une notoriété mondiale en dépit de son nom qui, au
début, complique les exportations vers les pays anglo-saxons et germanophones : « Byrrh » y évoque inévitablement la bière ! Exporté sur tous les continents, il devient la marque d’apéritif la plus consommée au monde.
Le nom de Byrrh aurait pour origine l’anecdote suivante : les trois drapiers cherchaient un nom pour baptiser leur nouveau breuvage et auraient été attirés par l’un de leurs coupons d’étoffes, présentés sous la forme d’un nuancier ; chaque étoffe était traditionnellement référencée par une lettre. La suite « B.Y.R.R.H. » sauta aux yeux des marchands et fut immédiatement adoptée pour donner un nom à leur apéritif.
Autre anecdote, en 1903, la marque organise une série de campagnes publicitaires très dynamiques, tant dans les villes que dans les campagnes. Affiches, cartes postales, murs peints, bus, métro, objets publicitaires, favorisent la reconnaissance de la marque. Mais, effet inattendu de cette campagne publicitaire intensive est qu’après le déclenchement des hostilités en 1914, une rumeur court et enfle que les plaques publicitaires de Byrrh comportent des signes donnant à l’envahisseur allemand des informations secrètes sur les villes et les routes.
Le Lillet
Créé en 1887 à Podensac en Gironde, par la société Lillet Frères (liquoristes et négociants en vins et spiritueux), à partir d’une idée d’un prêtre de la région partie au Brésil au siècle précédent et qui avait créé de retour à Bordeaux des liqueurs et de fortifiants principalement à base quinquina et d’y associer des vins de Bordeaux et plantes ou fruits exotiques. La marque se développe rapidement en France et dans les grandes villes européennes après la Première Guerre mondiale pendant les Années folles. Après la seconde guerre mondiale, le Lillet est introduit aux États-Unis.
Le marché américain adopte Lillet dans les années 1950 comme le drink « branché » de New York. En 1950, la duchesse de Windsor, grande amatrice de Lillet, l’introduit dans la haute société.
Le Saint-Raphaël
Créé semble-t-il au XIXe siècle, son origine est mal connue, deux géniteurs lui sont attribués : le docteur Juppet qui, en 1830, travaillait la nuit à l’élaboration d’un apéritif à base de quinquina
dont la vue baissant en appela à l’archange Raphaël ou Mathieu Soupe, pharmacien à Paris à une date inconnue. Distribué rapidement sur l’ensemble du territoire français puis européen
et les colonies, le Saint-Raphaël traversa l’Atlantique. La maison Saint-Raphaël mit rapidement en œuvre des techniques marketing pour accroître sa notoriété, comme la mise en place d’une montgolfière géante aux couleurs de la marque pour l’exposition universelle de Paris en 1900. Vendue en pharmacie comme fortifiant dans ses débuts, la marque a longtemps mis en avant les vertus excitantes du quinquina.
Le cap corse
Ou « Mattei Cap corse » est un apéritif à base de quinquina, dont l’histoire remonte à 1872, date de sa mise au point par Louis-Napoléon Mattei à Bastia et nommé initialement appelé « Amaro ». Fabriqué à partir de mistelle de cépages muscats du Capicursu et Vermentinu cépage italien récolté en Corse, de décoction de plantes aromatiques du maquis, de macérations d’oranges et de quinquina pour se prémunir du paludisme, le tout vieilli en fûts de chêne.
Visionnaire, cette marque sera aussi l’une des premières à faire du « placement de produit » comme dans le célèbre film César de Marcel Pagnol en 1936. Sans oublier une présence de Mattei dans les bars avec des produits publicitaires comme des cendriers, des crayons ou des cartes à jouer. Victime de son succès, L.N. Mattei a passé son temps à se défendre des imitations. « Se méfier des imitations nées d’hier » avertissait déjà les premières annonces presses ou affichettes de la marque ! » Il existe deux déclinaisons, le « Mattei Cap corse rouge » et le « Cap corse blanc ».
Le quinquina Girardot
En 1901, un certain Romand reprend le commerce de négociant de vins, bières, eaux-de-vie, liqueurs et sirops et la grande distillerie à vapeur de Fernand Lemaire à Romorantin. Les enfants Romand reprennent l’affaire en 1906 : Alfred Romand et Angèle Romand, épouse de Jules Constant Girardot, s’associent pour fonder la société Romand et Girardot. La distillerie Romand et Girardot commercialise alors quelques spécialités qui font sa renommée comme « L’Idéale fraise » qui deviendra la marque « Fraise Or » car en 1900, la grande mode était le champagne-fraise et… l’autre boisson qui fit son succès, le « Radium quinquina » !
Recettes de base de quinquina
Quinquina rouge
Ingrédients | Préparation |
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Quinquina blanc
Ingrédients | Préparation |
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Vin d’oranges amères rouge
Ingrédients | Préparation |
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Les bitters
Certains Amers ou bitter (amère), liqueur apéritive fabriquée à partir de l’infusion de plantes amères. Les plantes les plus couramment utilisées dans l’élaboration de l’amer sont la gentiane amère (Gentianella amarella), l’orange amère ou bigaradier (Citrus aurantium) et le quinquina (Cinchona officinalis) comme le Picon. Les amers ont longtemps été considérés comme possédant des vertus médicinales.
Le Picon
Issu d’une famille d’origine génoise installée à Marseille depuis 1815, Gaétan Picon (1809-1882) est apprenti dans une distillerie. Plus tard, engagé dans l’armée en Algérie, il attrape comme tant de ses camarades une « fièvre maligne » ; il invente alors une mixture à base de zestes d’orange, de quinquina et de gentiane macérés dans de l’eau-de-vie présentant des propriétés fébrifuges et désaltérantes. Formule qu’il améliore et la commercialise, à partir de 1837, comme apéritif sous le nom d’amer africain. Médaille de Bronze lors de l’Exposition universelle de Londres en 1862.
Rentré en métropole, il créa sa première usine de fabrication du Picon désormais appelé ainsi, à Marseille.
Traditionnellement et malgré son origine marseillaise, le Picon accompagne la bière dans l’Est et le Nord de la France, en Belgique, au Luxembourg ainsi qu’en Suisse. De nos jours, le Picon peut être mélangé au vin blanc.
La « Piconwurst » ou saucisse au Picon est recette récemment créée, puisque ce n’est qu’en 2013 qu’elle fut réalisée par Sébastien Magard boucher charcutier d’Amnéville, en Moselle. Elle est faite à base de chair à saucisse, de Picon auquel est ajouté des oranges fraîches, des tomates cerise, certaines épices et ingrédients tenus secrets. Elle a rapidement acquis une certaine popularité en Lorraine et est rapidement rentrée dans la culture gastronomique locale.
Recette Picon bière ou amer bière
Réalisez la recette « Amer bière » directement dans le verre.
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- Dans un verre à bière, verser le picon (3 à 5 cl) et la bière
fraîche (25 cl). Bière blonde de préférence. - Ajoutez un trait de sirop ou de jus de citron à la fin de la préparation.
- Dans un verre à bière, verser le picon (3 à 5 cl) et la bière
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.