Éducation physique et sportive

L’éducation physique et sportive (EPS) est le nom donné à une discipline scolaire d’enseignement utilisant les activités physiques, sportives et artistiques comme support, dans une finalité éducative. On retrouve cette discipline dans le cadre scolaire, notamment dans le système éducatif français où elle est une pratique d’intervention et une discipline d’enseignement.

Historiquement

L’éducation physique est une discipline scolaire d’enseignement obligatoire dans le secondaire, sous l’appellation de « gymnastique », depuis le décret du 3 février 1869 signé par Victor Duruy. Ce décret étant peu appliqué, Jules Ferry rappelle, par la loi George du 27 janvier 1880, que la gymnastique est obligatoire dans tous les établissements d’instruction publique de garçons. La même année, par la circulaire du 20 mai, l’obligation est étendue à tous les types d’enseignement, primaire et secondaire, pour les garçons et les filles.

Ministères et doctrines

L’éducation physique a souvent changé de ministère de tutelle : Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes (1880), Instruction publique et des Beaux-Arts (1905), Ministère de la Guerre (1910), Ministère de l’hygiène et de la prévoyance sociale (1920), Ministère de l’Instruction Publique (1922), Ministère de l’Instruction Publique (1927), Santé publique (1932), Santé (1936), Éducation Nationale (1937), Commissariat Général à l’Éducation Générale et Sportive (1940), Éducation Nationale (1958), Jeunesse et Sports (1963), Qualité de la vie (1974), Jeunesse et Sports (1978) et Éducation nationale depuis le décret du 28 mai 1981.

Si elle a changé fréquemment de ministères, elle a aussi changé plusieurs fois d’appellation et de doctrine.

  • Gymnastique sous la Troisième République (1870-1940) dont les objectifs sont multiples : Former des soldats, Former des professionnels, Acquérir une bonne santé, Former des citoyens.
  • Éducation Physique (1940-1962) dans le cadre de la révolution national du régime de Vichy, l’Éducation Physique a connu une véritable expansion, surtout structurelle. Elle est devenue une affaire de l’État dont l’emprise ne se relâchera plus. Après la libération, l’Éducation Physique est attachée au ministère de la Jeunesse et des Sports. Elle hésite encore entre une éducation physique généraliste et tente des incursions vers quelques sports.
  • Éducation Sportive (1962-1981) à partir des années 1960, sous l’impulsion du ministre Maurice Herzog et contre l’avis de certains enseignants et de l’inspection générale, l’Éducation Physique s’est institutionnalisée en une éducation physique s’appuyant sur les activités sportives, mais gardant un objectif d’éducation. L’atteinte des objectifs spécifiques est appréciée par la mesure chiffrée des performances accomplies, elles-mêmes possibles par la maîtrise accrue de techniques sportives codifiées et réglementées. Mais très vite, cette vision s’avère insatisfaisante dans l’institution scolaire. La notion de « maîtrise de l’exécution » se substituera rapidement à la seule performance qui ne prend pas assez en compte les progrès scolaires de l’élève et fait trop appel aux « données » et insuffisamment à l’acquis. Très rapidement, au début des années 1970, les enseignants d’Éducation Physique et Sportive pensent que technique, sport de haut niveau et enfant ne vont pas ensemble, que les méthodes réceptives ne permettent pas à l’élève de découvrir, inventer, créer.
  • Éducation physique et sportive, à partir de 1981, sous la présidence de François Mitterrand, la gestion des enseignants d’EPS réintègre l’Éducation nationale, et doit donc officiellement se conformer à l’école, lieu de transmission de connaissances par excellence. La multiplication des activités physiques, sportives et artistiques (APSA) impose également d’enseigner plutôt la compréhension de l’action motrice pour permettre à l’élève de l’adapter à toute situation nouvelle. L’EPS, mieux organisée par les textes officiels, repose toujours sur l’évolution réalisée entre 1970 et 1980. Les sports et la compétition sont toujours les supports des leçons et programmes.
  • Activité physique, sportive et artistique est un terme qui désigne l’ensemble des pratiques physiques enseignées dans le milieu de l’enseignement (école, collège, lycée et université) selon les programmes officiels qui régissent la discipline et publiés dans le bulletin officiel de l’éducation nationale. Les « Activités physiques, sportives et artistiques » (A.P.S.A) concernent toutes les activités motrices utilisées comme moyen pour l’EPS et ayant une représentation culturelle. On y rencontre des activités codifiées, comme les sports collectifs, les sports de combat, les sports de raquette, les activités artistiques, etc.

Activité physique

L’activité physique regroupe à la fois l’exercice physique de la vie quotidienne, l’activité physique de loisirs, et la pratique sportive. Selon l’OMS, le sport est un « sous-ensemble de l’activité physique, spécialisé et organisé ». Elle s’en différencie néanmoins sur le plan philosophique où comme le défini déjà Hébert en 1925 qui reproche au sport d’avoir pour but la réalisation d’une performance et dont l’idée repose sur lutte contre quelqu’un ou quelque chose au détriment de soi-même.

Si la pratique excessive du sport peut être mise à caution, la pratique de l’activité physique est essentielle à la santé et au bien-être des individus.

Outre la régularité et fréquence de l’exercice, trois paramètres semblent importants lors de l’exercice : la quantité d’énergie dépensée en mode aérobie, le pic d’intensité de l’effort et la durée de l’effort. 30 minutes d’exercices par jour durant 5 jours apportent autant de bénéfice que 3 séances de 10 minutes espacées de 4 heures dans chaque journée, 5 jours par semaine.

Si l’activité physique est pratiquée au moins depuis l’antiquité par les soldats et les sportifs des jeux olympiques, avec la sédentarisation et les progrès de la santé, l’espérance de vie a régulièrement progressé, mais l’espérance de vie en bonne santé semble donner des signes de recul, notamment attribués à une dégradation de l’environnement, de l’alimentation et à une sédentarité excessive.

Depuis les années 1990, la sédentarité physique est considérée par la médecine comportementale comme un facteur de risque cardio-vasculaire. En 2009, un médecin du sport estime que le manque d’activité physique pourrait devenir le premier problème de santé publique au XXIe siècle.

La pratique d’une activité physique est l’un des facteurs souvent cités d’une bonne santé et de l’allongement de l’espérance de vie. Elle est notamment bonne pour le système cardiovasculaire et le maintien des muscles. L’exercice physique est presque toujours présenté comme utile pour maintenir et améliorer la santé mentale, et de nombreuses études ont confirmé des améliorations de l’humeur et de l’estime de soi, mais avec certaines limites, et sans avoir pu établir de lien clair de causalité.

Le manque d’activité physique serait responsable d’un décès sur dix à travers le monde, soit approximativement autant que le tabac et l’obésité.

Une enquête menée de 1993-2007, afin de déterminer l’impact du mode de vie sur l’espérance de vie, conclut que le « mode de vie idéal » serait : l’absence de tabac ; une consommation d’alcool égale ou inférieure à un demi verre par jour ; une consommation de cinq fruits et légumes par jour ; et de l’exercice physique d’une demi-heure par jour ; majore l’espérance de vie de 14 ans par rapport au cumul de quatre facteurs de risque. Le cumul des quatre facteurs de risque (tabac, alcool, manque de fruits et légumes et d’exercice physique) multiplie le risque de décès par 4,4, trois facteurs, de 2,5, deux facteurs de près de 2 et 1 facteur de 1,4. C’est la première fois que l’on analyse l’effet cumulé des facteurs de risque sur la mortalité.

L’hébertisme

L’hébertisme est une philosophie de vie développée par Georges Hébert à partir des années 1910. Il comprend six volets :

  1. Un entraînement complet par la Méthode Naturelle
  2. Un apprentissage des métiers manuels courants
  3. Une culture mentale et morale
  4. Une culture intellectuelle
  5. Une culture esthétique
  6. Une initiative naturiste

L’hébertisme en tant que philosophie de vie holistique, avec ses six volets, n’a été que très peu pratiqué. Par contre, la Méthode Naturelle, s’est répandue du vivant d’Hébert à bien des associations, en France et à l’étranger, et a été tout un temps la méthode officielle des écoles françaises.

La Méthode Naturelle

La Méthode Naturelle, qui en est le volet physique, est donc une méthode d’éducation physique complète, axée sur l’empirisme, le synthétisme et l’utilitarisme. Le développement du corps, qui est selon Hébert « le temple de l’âme et du cerveau », doit permettre à chacun (homme ou femme) d’être physiquement fort pour être moralement fort. L’entraînement se fait dans une visée altruiste : le corps est entraîné pour aider (s’aider soi-même et aider les autres).

La Méthode Naturelle comprend dix familles d’exercice, chacune permettant de développer certaines habiletés : la marche, la course, le saut, le grimper de corde, le lever de poids, la quadrupédie, le lancer, l’équilibre, la défense, la natation. Chacune de ces activités est pratiquée régulièrement, de façon que chaque séance d’entraînement concerne l’entièreté du corps (tous les muscles) et l’entièreté des habiletés dont l’usage est utile.

Le nom d’hébertisme, bien qu’initialement plus large, a fini par désigner la seule Méthode Naturelle, et c’est sous ce nom que cette méthode d’éducation physique est aujourd’hui encore pratiquée dans certains pays, en France comme en Europe.

Georges Hébert

Georges Hébert est un officier de marine et éducateur français, promoteur d’une méthode d’éducation physique naturelle, l’hébertisme, opposée à la gymnastique suédoise et à la spécialisation sportive.

Il écrit ensuite de nombreux ouvrages où il décrit avec précision sa méthode dite naturelle. Comme Pierre de Coubertin, l’antiquité grecque l’attire par la grandeur et la grâce de ses exemples. « Il y trouve souvent une inspiration, des modèles, l’union traditionnelle de la gymnastique et de l’esthétique ».

Inquiet des aspects pris par la spécialisation sportive, il publie en 1925 un ouvrage, « Le sport contre l’éducation physique », où il en dénonce les principales dérives. Il définit le sport comme « tout genre d’exercice ou d’activité physique ayant pour but la réalisation d’une performance et dont l’exécution repose essentiellement sur l’idée de lutte contre un élément défini, une distance, un danger, un animal, un adversaire […] et par extension contre soi-même ».

Pour en savoir plus sur l’hébertisme et la méthode naturelle : https://www.hebertisme.com/

Les origines du sport moderne en France

Ses origines remontent pour beaucoup à la période gallo-romaine avant de revêtir des formes particulières au Moyen Âge puis de justifier un discours très construit lors de la Renaissance. Celui-ci ne se cristallise vraiment en France que dans la première partie du XIXe siècle avec le développement de la gymnastique comme activité éducative et hygiénique. Ce n’est qu’à la fin de ce siècle que certains s’efforcent d’y associer la compétition sportive venue timidement d’outre-Manche comme activité de loisir de l’aristocratie. Ces pionniers doivent lutter contre le manque d’intérêt des pouvoirs publics et leurs dissensions internes entre les tenants du modèle anglo-saxon et ceux des jeux traditionnels français. Cette période, qui va jusqu’à la guerre de 1914, voit l’émergence de l’Olympisme et le partage du sport français entre trois grands organismes, c’est l’époque des unions omnisports : l’Union des sociétés de gymnastique de France apparue dès 1875, l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques et les patronages de la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France. À partir du 1er juillet 1901, celles-ci bénéficient du nouveau statut associatif.

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