L’Union des sociétés françaises de sports athlétiques

L’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) est une fédération sportive française omnisports fondée le 20 novembre 1887 par les dirigeants de deux clubs parisiens, le Racing Club de France et le Stade français, décident de créer une fédération d’athlétisme : l’Union des sociétés françaises de courses à pied (USFCP) qui organise le 29 avril 1888 ses premiers championnats nationaux. Un mois plus tard, le 1er janvier 1888, Pierre de Coubertin créé un Comité pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation. L’USFCP accepte rapidement d’autres sports en son sein et, le 31 janvier 1889, prend le nom d’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), non sans provoquer de vives polémiques, les termes de sport et d’athlétisme renvoyant encore respectivement au champ de course et aux bateleurs de foire. Découvrant alors son existence et le travail déjà réalisé par son président, Pierre de Coubertin renonce à son comité et rejoint l’USFSA dont il devient secrétaire.

Développement

À partir de 1888, les établissements parisiens privés et publics se confrontent dans des épreuves de rallye-paper et de cross-country pour la possession du fanion de l’Union qui revient souvent au lycée Janson-de-Sailly. L’USFSA n’admet bientôt que les clubs comptabilisant au moins 25 membres et un an d’existence. Ils sont 7 en 1890 et 50 en 1892. Coubertin qui se consacre particulièrement au développement du sport scolaire, fonde la Revue athlétique dès 1890 puis Les sports athlétiques avant de fusionner les deux titres. Grâce à son prosélytisme, le nombre d’associations passe à 350 en 1903, pour atteindre 1 700 en 1913, regroupant 270 000 licenciés. Les associations scolaires sont rapidement plus nombreuses que les clubs, ce qui n’est pas sans poser problème, certains membres du comité craignant que ce développement ne se fasse au détriment du recrutement des clubs eux-mêmes. L’organisation des Jeux olympiques de Paris accentue les divergences et Pierre de Coubertin est ainsi amené en 1898 à démissionner et à céder ses fonctions à Frantz Reichel, champion de talent très polyvalent et dirigeant dynamique qui a laissé depuis son nom au championnat de France junior de rugby (Coupe Frantz-Reichel) et à la Fédération française de hockey sur gazon (FFH). Fédération exclusivement parisienne à l’origine, l’USFSA ouvre ses championnats à la province en 1899 et les étend à la natation et au hockey sur gazon.

C’est à l’occasion du 5e congrès de l’USFSA, en 1892, que Pierre de Coubertin prononce le discours fondateur de la rénovation des Jeux olympiques prévue en 1896 à Athènes. En 1900, l’USFSA se charge de l’organisation des Jeux athlétiques, des seconds Jeux olympiques, initialement prévus comme Concours internationaux d’exercices physiques et de sports de l’exposition universelle de 1900 à Paris. Le 27 mai 1899, son comité d’organisation se voit confier 15 activités sur les 19 retenues par le Comité international olympique (CIO) pour constituer le programme olympique. Bien que très sensible aux problèmes d’amateurisme, contrairement alors à d’autres fédérations françaises, l’USFSA est aussi à l’origine de la création de la Fédération internationale de football association (FIFA) le 21 mai 1904 au siège même de l’USFSA. Malgré ces actions, celle-ci ne reçoit aucune aide financière des pouvoirs publics jusqu’en 1907, contrairement à l’Union des sociétés de gymnastique de France (USGF) qui, reconnue par le gouvernement comme un organisme patriotique, est financée à ce titre par le ministère de la Guerre.

Difficultés et déclin

Le besoin d’être reconnue comme telle l’amène à sanctionner ses associations qui se déplacent à Rome en 1906 pour un grand rassemblement sportif à l’invitation du pape Pie X, avec pour conséquence une fuite massive et immédiate d’effectifs importants vers la toute jeune Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF) qui s’en trouve fortement confortée. Le secrétaire général de celle-ci (la FGSPF) profite de la situation pour regrouper les fédérations attachées au football au sein d’un Comité français interfédéral (CFI) le 23 mars 1907 et Pierre de Coubertin marque aussi son désaccord en se retirant définitivement des instances dirigeantes de l’USFSA en décembre 1906. Il revient à son président Frantz Reichel de contrôler au mieux la situation par la création le 3 mai 1908 d’un Comité national des sports (CNS) qui finit par accueillir et absorber plus ou moins le Comité olympique français (COF) en créant au sein des fédérations le consensus nécessaire pour participer aux jeux de 1908 et 1912. Le 17 juillet 1912 à Stockholm, deux jours après les Jeux olympiques d’été, l’USFSA est au nombre des 17 fédérations nationales qui fondent l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF).

L’influence de l’USFSA sur le football est cependant définitivement compromise et celui-ci prend son autonomie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1919, préludant à l’éclatement de l’USFSA : sous la présidence de Gaston Vidal (1919-1920), la grande fédération omnisports se dissout en multiples fédérations sportives spécialisées. Si la section football est la première à la quitter avec la création de la Fédération française de football association (FFFA) le 7 avril 1919, la Fédération française de Hockey (FFH) suit en 1920. Le 11 octobre de la même année, c’est au tour de la Fédération française de rugby à XV (FFR) d’être officiellement créée pour remplacer l’USFSA en tant qu’organe dirigeant du rugby à XV en France. La Fédération française d’athlétisme (FFA) voit le jour le 20 novembre et la commission natation de l’Union devient Fédération française de natation et de sauvetage, future Fédération française de natation (FFN), en 1921. Le basket-ball est géré jusqu’en 1932 par une commission de la Fédération française d’Athlétisme (FFA).

Organisation

Toutes les équipes nationales françaises émanant de l’USFSA portent le maillot blanc et arborent comme emblème deux anneaux entrelacés, rouge et bleu, réduits aux couleurs du drapeau français. Cet emblème inspire plus tard le drapeau olympique. Le coq est progressivement intégré au blason à partir de 1913 avec l’adhésion de l’USFSA au CFI. La devise de l’USFSA Ludus Pro Patria (soit Des jeux pour la Patrie) est l’œuvre de Jules Marcadet, président du Stade Français et cofondateur de l’Union. Chaque discipline sportive est organisée par une commission : athlétisme, rugby à XV, football. Le 23 octobre 1894, le comité d’organisation de l’USFSA décide de créer 19 comités régionaux afin d’organiser des compétitions en province. Elle publie sa revue Les sports athlétiques chaque samedi.

Les disciplines au sein de l’USFSA

Si l’éclatement de la USFSA à donnée lieu à la création de plusieurs fédérations : d’Athlétisme, de Cross-country, de Rugby à XV, de Football, de Natation, de Hockey sur gazon. Elle organisait d’autres sports et activités comme les tournois de croquet, de cricket et de tir à la corde lors des Jeux olympiques d’été de 1900. Ou encore le rallye paper, jeu de poursuite équestre ou pédestre, imitant de la chasse à courre, la bête poursuivie étant remplacée par un coureur qui sème des petits papiers et les chasseurs par les poursuivants qui suivent la trace marquée par ces papiers et qui essaient d’attraper le coureur.

Elle organise également le baseball. Le basket-ball qui y apparaît peu avant la Grande Guerre comme section de l’athlétisme, reste ensuite, de 1920 à 1932. Pour information, les premières compétitions de volley-ball apparaissent en France dès 1929 dans le cadre du sport travailliste et les premières équipes féminines se forment deux ans plus tard. La fédération de volley-ball (FFVB) n’apparaît cependant qu’en février 1936 et celle de handball (FFHB) en septembre 1941, le jeu à 11 étant alors prépondérant.

Le dogme de l’amateurisme

Conformément au message de Thomas Arnold (enseignant et historien britannique qui fut à la tête du Rugby School de 1828 à 1841) qui en fait la condition même des potentialités éducatives du sport, la défense de l’amateurisme pur et dur est au cœur de la problématique de l’éducation physique et sportive.

Le dénigrement du « professionnalisme à l’anglo-saxonne » n’est pas sans fondements : liées (et même justifiées) à la pratique des paris qui brassent d’énormes sommes, les courses et la boxe sont profondément corrompues par divers « trucages » qui leur dénient tout intérêt moralisant ou éducatif. Dès 1881, cet argument se trouve conforté par les lois Jules Ferry qui instaurent une école laïque, gratuite et obligatoire : si le sport veut y tenir sa place, il lui importe de se tenir à l’écart des questions d’argent. Dès le milieu des années 1880, Georges de Saint-Clair et Ernest Demay lancent une campagne nationale de « purification » de l’athlétisme où les courses à pied calquées sur les épreuves hippiques sont déjà dotées de prix en espèces depuis le milieu du XIXe siècle. Leur action est couronnée de succès et ils finissent également par obtenir l’interdiction des paris sur les courses athlétiques.

L’USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques) fédération sportive française omnisports fondée le 20 novembre 1887 par le Racing Club de France et le Stade français consacrée à l’athlétisme s’ouvre dès 1889 à d’autres sports (rugby à XV, hockey sur gazon, escrime, natation) puis 1894 au football représenté en son sein par des commissions spécialisées ; elle prône alors la pratique pour la seule gloire de la performance et le bien du corps et rejette toute forme de professionnalisme dans le sport, instaurant un amateurisme très restrictif qu’elle définit ainsi dans ses statuts : « Est amateur toute personne qui n’a jamais pris part à une course en espèces ou pour de l’argent provenant des admissions sur le terrain ou avec des professionnels pour un prix ou pour de l’argent provenant d’une souscription publique ou qui n’a jamais été à aucune période de sa vie, professeur ou moniteur salarié d’exercices physiques ou qui ne se livre à aucune profession ouvrière ». Plutôt que renoncer à ces principes, elle préfère laisser sa place à la Fédération internationale de football association (FIFA) en 1907 à son concurrent le plus direct, le Comité français interfédéral (CFI, ancêtre direct de la Fédération française de football) de Charles Simon, pour y représenter la France.

Cet héritage du dogme de l’amateurisme survie à travers les Jeux Olympiques modernes (de 1894 à 1981) qui sont réservés officiellement aux sportifs amateurs. Ce n’est qu’à partir de 1981 que le CIO (Comité International Olympique) autorise les sportifs professionnels à participer aux J. O.

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