Bacardí

Bacardí est une entreprise de spiritueux, spécialisée notamment dans la production et la distribution de spiritueux. Fondée par Facundo Bacardí Masso à Santiago de Cuba le 4 février 1862, Bacardí a son siège actuel à Hamilton, aux Bermudes et produit à Porto Rico (États-Unis), notamment les rhums Bacardí Superior et Bacardí 151. Outre le rhum Bacardí, l’entreprise possède d’autres marques, notamment les vodkas Grey Goose et Eristoff, le whisky Dewar’s, le gin Bombay Sapphire, les vermouths Martini & Rossi, les tequilas Patron et Cazadores.

Elle vend plus de 240 millions de bouteilles par an dans 170 pays, ce qui la situe au troisième rang mondial dans le secteur des spiritueux.

Histoire de Bacardi

Facundo Bacardí, né à Sitges (Catalogne) en Espagne, il est issu d’une famille de maçons. Au début du XIXe siècle, il décide d’immigrer et s’installe à Cuba en 1830. En 1844, il devient propriétaire d’un navire marchand à Santiago. À l’époque, le rhum est élaboré sans grande sophistication et est rarement proposé dans les débits de boissons les plus raffinés. En 1852, il commence à expérimenter le processus de distillation du rhum, mais c’est aussi l’ânée où un terrible tremblement de terre dévaste l’île de Cuba.

Malgré cela, rien n’a entamé sa détermination à « apprivoiser » le rhum et utilise la technique du filtrage à travers du charbon de bois pour en retirer les impuretés. Il fait également vieillir le rhum dans des fûts de chêne, afin d’adoucir le goût de l’eau-de-vie. Le résultat de ces méthodes d’élaboration fut qu’il crée nouveau type de rhum, le premier rhum blanc, plus raffiné et plus léger que ceux en circulation, qui répondrait aux goûts de la classe moyenne montante.

Le 4 février 1862, Facundo Bacardí et son frère José, ouvrent la première distillerie sur la Calle Matadero à Santiago de Cubaet fonde le titre de Los Maestros del Ron. Ce même 4 février, deux emblèmes vont singulariser la marque : une chauve-souris et un cocotier. Leur premier alambic, de cuivre et de fer, produit 35 fûts de mélasse fermentée par jour.

Le nouveau type de rhum que Facundo Bacardí a réussi à produire dans la distillerie cubaine était le rhum Bacardí Superior, qui est le standard de production encore observé aujourd’hui.

Avec le succès de son rhum, Facundo Bacardí devint rapidement « Don Facundo Bacardí Massó ».

Le cocotier

En signe de sa prospérité, Facundo M. Bacardi, un des six fils du fondateur de l’entreprise plante dans la cour de la distillerie un cocotier. El Coco est devenu une légende et on a dit que l’entreprise survivrait à Cuba tant que le palmier vivrait, et en fait a survécu aux calamités et aux guerres jusqu’en 1959 où il se dessèche et meurt en 1960, âgé de 98 ans, au moment où la famille se voit confisquer son lieu de production et est contrainte de quitter le pays.

Entre-temps, Bacardí avait adopté la chauve-souris comme logo, un animal traditionnellement considéré comme un porte-bonheur dans les croyances cubaines et espagnoles.

La chauve-souris

L’origine de la chauve-souris présente sur les bouteilles de Bacardi remonte aux années 1890 et provient d’une peinture cubaine, de l’huile sur cuir, inspirée par le terme généralement utilisé pour le rhum Bacardi El Ron del Murcielago (« le rhum de la chauve-souris »). C’est l’épouse du fondateur qui a choisi ce symbole mémorable de la chauve-souris après avoir trouvé une colonie de chauves-souris frugivores dans les charpentes de la distillerie d’origine à Santiago de Cuba en 1862. Dans leur ville natale près de Sitges, en Espagne, la chauve-souris est depuis longtemps reconnue comme un symbole de santé, de chance et d’unité familiale, une croyance également partagée par le peuple autochtone de Cuba. La chauve-souris est rapidement devenue un symbole de l’authenticité et de la grande qualité du rhum. Aujourd’hui, la chauve-souris de Bacardi est l’un des logos les plus célèbres au monde.

Période trouble

En 1872, Facundo Bacardí confia l’administration de l’entreprise à ses fils Emilio et Facundo. La production de rhum connaît une évolution technique en 1889 avec l’introduction de l’alambic à colonne continue, capable de faciliter le mélange sans altérer en rien le goût originel. Un autre fils, José, et son gendre Enrique Schueg sont devenus associés de l’entreprise dans les années 1890, mais ces années constituent une période troublée pour l’entreprise. Emilio Bacardí, le fils aîné de Facundo, est banni de Cuba pour s’être battu dans l’armée rebelle contre l’Espagne dans la guerre d’indépendance. Les frères d’Emilio, Facundo, José et son beau-frère Henri Schueg, restent à Cuba pour maintenir à flot l’entreprise familiale pendant la guerre. Les femmes sont envoyées à Kingston, en Jamaïque.

En 1898, Emilio Bacardí Moreau est nommé maire de Santiago de Cuba par le général américain Leonard Wood gouverneur militaire de Cuba et devient, après la fin de la guerre hispano-américaine, le premier maire librement élu de Santiago en 1899. Il a ensuite été nommé sénateur. Écrivain très prolifique, son œuvre fait partie de l’histoire cubaine.

Emilio Bacardí Moreau succède à son père à la présidence de l’entreprise et sous sa direction, Bacardi commence à s’étendre en Espagne et aux États-Unis .

Le cuba libre

Arrivé en 1899, à la fin de la Guerre d’indépendance cubaine (1895 à 1898), l’évêque américain de l’Église méthodiste Warren Candler et frère d’Asa Candler, propriétaire et président de Coca-Cola, a officiellement introduit les premières bouteilles de soda américain à Cuba et les imputations officielles commencèrent l’année suivante.

La boisson a été créée à Cuba au début des années 1900 et est devenue rapidement populaire, mais ses origines exactes ne sont pas certaines.

Son origine est associée à la forte présence américaine à Cuba suite à la guerre hispano-américaine de 1898 ; le nom traditionnel de la boisson, « Cuba libre », était le slogan du mouvement indépendantiste cubain de l’époque. On dit parfois que le « Cuba libre » a été créé pendant la guerre hispano-américaine. Cependant, cela est antérieur à la première distribution de Coca-Cola à Cuba en 1900. Une boisson appelée « Cuba libre » était en effet connue en 1898, mais c’était un mélange d’eau et de cassonade.

Selon la légende : les soldats américains avaient l’habitude de boire à La Havane, un mélange de rhum et de Coca-cola accompagné de citron local le tout dans des verres à whisky, variante local de leur whisky coca traditionnel.

Selon la légende, cette appellation viendrait d’un soldat américain qui, commandant ce cocktail, porta un toast « Por Cuba libre ! » (Pour Cuba libre ! en espagnol) qui était le leitmotiv des troupes américaines durant la guerre.

Mais d’après Fausto Rodriguez, un responsable de la publicité chez Bacardi, a affirmé avoir été présent lorsque la boisson a été réalisée pour la première fois en août 1900 à La Havane, alors qu’il avait 14 ans et était messager pour l’armée américaine. Selon lui, son employeur a commandé du rhum Bacardi et l’a mélangé à du Coca-Cola. Cela a intrigué un groupe de soldats américains à proximité, qui ont commandé une tournée pour eux-mêmes, donnant naissance à une nouvelle boisson populaire.

Cependant, une autre histoire raconte que la boisson a été créée pour la première fois en 1902 au restaurant « El Floridita » de La Havane pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance cubaine. »

Recette

Mélanger les ingrédients dans un verre highball avec de la glace.

  • 5 cl de rhum blanc (en général du rhum cubain : Havana Club Añejo Especial ou Bacardí gold).
  • 12 cl de cola (en général du Coca-Cola).
  • 1 cl lime pressée (à ne pas piler au fond du verre).

Décoration : paille et tranche de lime.

Daïquiri

Daiquirí est le nom d’un village cubain situé non loin de Santiago de Cuba ainsi que celui d’une mine de fer. Le terme serait un mot d’origine taïno.

Le cocktail aurait été inventé par un ingénieur américain, Jennings Cox, qui était à Cuba au moment de la guerre hispano-américaine. Il est aussi possible que William A. Chanler, un élu américain qui acquit les mines de fer de Santiago en 1902, importât la recette du cocktail dans les boîtes de nuit new-yorkaises la même année. La formulation évolue lorsque Ernest Hemingway (surnommé « Papa » par les Cubains), qui souffrait d’une forme de diabète, aurait demandé en 1932 au chef barman du Floridita, Constantino Ribalaigua, de lui préparer un daiquiri avec 2 doses de rhum (doble en espagnol) mais sans sucre. Ce « daïquiri Floridita » prit progressivement le nom de « papa doble ».

En 1909, l’amiral Lucius W Johnson a goûté un Daiquirí à Cuba et était tellement enthousiaste qu’il a voulu le présenter au « Army and Navy Club » de Washington, afin que le cocktail à base de Bacardí fasse son entrée sur la scène internationale.

Au départ, la boisson était servie dans un grand verre rempli de glaçons. Une cuillère à café de sucre était versée sur la glace et un citron ou deux étaient pressés sur le sucre. On ajoutait enfin le rhum. Aujourd’hui, le daïquiri est mélangé dans un shaker : les ingrédients sont identiques, et le tout est servi dans un verre à cocktail.

Recette :

  • 1 cl de Sirop de sucre de canne ;
  • 2 cl de jus de citron vert ;
  • 4 cl Rhum blanc.

Passer les ingrédients au shaker et verser dans un verre à cocktail.

Variantes :

  • Daïquiri Floridita : avec du marasquin, créé par Constantino Ribalaigua Vert au Floridita.
  • Daïquiri Hemingway ou Papa Doble : du rhum blanc, du citron, un demi pamplemousse, six gouttes de marasquin, pas de sucre. Servir frappé.
  • Daïquiri à la banane : daïquiri de base avec une demi-banane, du lait et de la crème fraiche.
  • Daïquiri aux fraises : daïquiri de base agrémenté de fraises.

Bacardi cocktail

Le Bacardi cocktail est un cocktail apéritif, à base de rhum blanc Bacardi superior et fait partie des cocktails officiels de l’IBA depuis 1961.

Il s’agit d’un Daïquiri, c’est-à-dire qu’il contient du rhum, du jus de citron vert et du sucre de canne. Il existe deux écoles quant à la recette originale.

  • Selon la première, la recette est venue de Cuba et apparue en 1917 dans un livre de cuisine de Tom Bullock, « Idéal Bartender » et se limitait à ces ingrédients, ce n’est qu’après la prohibition que serait apparue à New York une version comprenant du sirop de grenadine lui donnant une couleur rose.
  • Selon l’autre interprétation, la recette aurait toujours compris de la grenadine.

L’existence de livre de recettes plus ancien mentionnant une composition sans grenadine semble militer en faveur de la première théorie.

Dans une décision de 1938, la Cour suprême de l’État de New-York a statué qu’un cocktail devait contenir du rhum Bacardi pour porter le nom de Bacardi cocktail.

Composition

Recette pour « Boissons Mixtes » par Hugo Ensslin, 1917

  • 1 dose de rhum Bacardi
  • Jus d’un demi-citron vert
  • 2 gouttes de sirop de canne
  • Bien agiter dans un verre à mélange avec de la glace pilée et servir.

Cocktail Bacardi, 1930-1937

  • Jus d’un demi-citron vert
  • Une demi-cuillère à café de sucre blanc
  • 5 cl de rhum blanc Bacardi
  • Mélanger les composants ensemble, bien agiter et servir avec de la glace pilée. Important : ne changez pas l’ordre des ingrédients.

Recette IBA

  • 4,5 cl de rhum Bacardi Carta Blanca
  • 2 cl de jus de citron vert
  • 1 cl de sirop de grenadine
  • Mettre tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons, bien agiter et filtrer dans un verre à cocktail.

Le développement international

En 1912, alors qu’Emilio Bacardí voyage en Égypte, son frère Facundo M. Bacardí dirige l’entreprise avec l’aide d’Henri Schueg, qui développe la société à l’international avec des usines d’embouteillage à Barcelone et à New York. Cette dernière usine est rapidement fermée avec l’arrivée de la Prohibition, une période qui par ailleurs fait de Cuba une destination populaire pour les touristes américains.

Dans les années 1920, Emilio ouvre une nouvelle distillerie à Santiago. Durant cette décennie, le bâtiment Bacardí au style art déco est construit à La Havane, et la troisième génération de la famille Bacardí arrive aux commandes de l’entreprise. Facundo Bacardí invite les Américains, soumis dans leur pays à la Prohibition, à « venir à Cuba pour se baigner dans le rhum Bacardí ». La bière Hatuey fut lancée à cette époque par l’entreprise.

La prohibition

En 1919, le Congrès des États-Unis a adopté le Prohibition Act qui interdit la fabrication, le transport, l’importation et la vente d’alcool aux États-Unis. Bacardí qui avait ouvert une usine d’embouteillage à New York se retrouva avec soixante mille caisses de rhum et dans ses entrepôts.

Henri Schueg, directeur de Bacardí, a trouvé une solution en émettant des actions au nom de la société d’embouteillage pour la valeur d’une caisse de rhum BACARDÍ chacune. Après avoir vendu les actions au public, il a dissous la société en distribuant une caisse pour chaque action.

Toujours du côté de la publicité, Bacardí, qui était basé à Cuba, a trouvé un moyen de contourner l’interdiction de la publicité aux États-Unis : où il a introduit une série de cartes postales annonçant les attractions de Cuba avec ses bars et sa vie nocturne. Ceux-ci ont été envoyés par des touristes américains visitant La Havane à des amis et des parents aux États-Unis, répandant ainsi la renommée du rhum et amenant de nombreux Américains à visiter Cuba, à tel point que le magazine Fortune a rebaptisé La Havane « Le bar personnel des États-Unis ». La prohibition en Amérique a coïncidé avec l’âge d’or du Mojito, qui est déjà officieusement devenu la boisson nationale de Cuba et l’un des cocktails préférés des touristes américains.

Mojito

La légende raconte que l’histoire du mojito remonterait au début du XVIᵉ siècle (la date de naissance officieuse du prédécesseur du mojito est 1586) lorsque le corsaire explorateur anglais Francis Drake, entre deux pillages de La Havane, appréciait siroter des feuilles de menthe pilées avec du tafia (rhum industriel). Cette tradition explique que des clients actuels demandent dans certains bars « give me a Drake » (« donnez-moi un Drake » en anglais).

Au XXᵉ siècle, la recette originelle évolue : le tafia est remplacé par du rhum et le citron vert agrémente le mélange. Ainsi est né le mojito, connu aujourd’hui, et qui tire son nom du « mojo », une mixture à base de citron initialement destinée à rehausser le goût des aliments.

En 1920, le mojito devint un véritable emblème de la culture cubaine, et est élevé au rang de « cocktail national de Cuba » (le rhum de Cuba est un des principaux produits d’exportation de l’économie de Cuba).

Il est souvent dit que le mojito était très apprécié par l’écrivain journaliste américain Ernest Hemingway qui en aurait dégusté régulièrement lorsqu’il vivait à Cuba entre 1939 et 1960. Cela est cependant surprenant compte tenu des goûts habituels du célèbre auteur, qui préférait en général les cocktails plus forts et moins sucrés, comme le Hemingway Spécial créé spécialement à son intention.

La célèbre citation « mon Mojito à La Bodeguita del Medio, mon Daïquiri à la El Floridita » serait apocryphe, de l’aveu du propriétaire de La Bodequita del Medio à un journaliste, en 2012.

Le cocktail finit par s’exporter d’abord aux États-Unis, puis en Europe, avant d’être préparé dans la plupart des bars du monde entier.

En France, il a été démocratisé à partir des années 1990 par une importante campagne marketing de la part de la marque de rhum Havana Club.

Ingrédients

  • Une dizaine de feuilles de menthe indienne (appelée hierba buena, yerba buena ou hierbabuena en Amérique latine), sinon de menthe poivrée, au goût assez proche, pressées plutôt que pilées (ce qui augmente l’amertume). Les Cubains utilisent de préférence les tiges de menthe.
  • 5 cl de rhum cubain ou de rhum blanc (agricole), ou de rhum ambré (variante).
  • ½ citron vert en morceaux.
  • 2 cuillerées à café de sucre de canne roux (ou de sucre blanc privilégié par les Cubains) en poudre ou 2 cl de sirop de sucre.
  • Eau gazeuse, champagne ou limonade pour les variantes.
  • Quelques gouttes d’angostura (concentré d’essences, de type bitter, utilisé pour les cocktails, fabriqué à Trinidad, elle est élaborée à base de rhum, de gentiane, d’écorces d’orange, de substances amères et d’aromates)..
  • Glace pilée.

Les premiers procès de marque

Les années 1930 voient l’inauguration d’une nouvelle usine d’embouteillage à Mexico et une nouvelle distillerie à Porto Rico sous le nom de Ron Bacardí. Les premières poursuites quant à l’usage de la marque sur des bouteilles de rhum produites en dehors de Cuba datent de cette époque. Henri Schueg prend par la suite les rênes du groupe et parvient à préserver les droits de la famille sur le nom sous lequel sont vendues les bouteilles produites à Porto Rico. Le groupe enregistre une nouvelle victoire judiciaire avec la décision d’une cour estimant qu’« un cocktail Bacardí ne peut être appelé ainsi que s’il est fait avec un rhum Bacardí ».

El Edificio Bacardí

L’esprit d’entreprise d’Enrique Schueg, devenu président dans les années 1920, a joué un rôle stratégique dans l’expansion de la marque. Sa première décision en tant que président a été de commander la construction du palais Bacardí à La Havane, qui, des années 1930 aux années 1950, a accueilli des événements auxquels ont participé des Cubains, des touristes et des célébrités. Aujourd’hui encore, El Edificio Bacardí est un symbole de La Havane, restant l’un des meilleurs exemples de l’architecture Art déco à Cuba. Dans le même temps, Schueg diversifie sa production en rachetant la marque de bière Hatuey.

Après-guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise est dirigée par José Pepín Bosch, le gendre d’Henri Schueg. Pepín fonde Bacardí Imports à New York, et, par ailleurs, est nommé ministre du Trésor de Cuba en 1949.

Ernest Hemingway mentionne la bière Hatuey dans deux de ses œuvres : En avoir ou pas et Le Vieil Homme et la Mer. En 1956, Bacardí organise un festival pour célébrer le prix Nobel de littérature attribué à l’écrivain.

Dans les années quarante et cinquante, Bacardí est le protagoniste de la vie animée de Cuba, animant le carnaval et diverses émissions de radio, en particulier « L’heure Bacardí », une émission diffusée par Radio CMQ avec la meilleure musique cubaine de l’époque. Du côté des entreprises, Bacardí possédait déjà des distilleries au Mexique et à Porto Rico, des bureaux aux États-Unis et a ainsi ouvert une nouvelle entreprise aux Bahamas.

La révolution cubaine

1960 est une année charnière : la révolution cubaine entraîne la confiscation des entreprises privées de l’île sans aucune compensation. Bacardí est profondément impacté par cette nationalisation où toutes ses activités et ses propriétés immobilières situées à Cuba, y compris ses distilleries, ont été expropriées par l’administration révolutionnaire. Grâce à la prévoyance de Pepín Bosch, président de Bacardí à l’époque, les brevets de l’entreprise étaient déjà en sécurité hors de Cuba en 1958.

Grâce aux distilleries fondées à Porto Rico et au Mexique, Bacardí a relancé sa production.

Après l’avènement de Fidel Castro, Bacardi perd toute assise à Cuba, mais essaye d’entretenir l’esprit de l’île à travers le monde.

Piña colada

La piña colada (piña, ananas, et colada, filtrée, ananas filtré, en espagnol) est un cocktail officiel de l’IBA, à base de rhum, jus d’ananas et crème de noix de coco, originaire de l’île de Porto Rico, dont elle est déclarée boisson nationale depuis 1978. Bien que Baccardi ne soit pas à l’origine de ce cocktail, la présence de l’entreprise dans l’île, à l’issue de la révolution cubaine, à permis au cocktail une large diffusion.

Histoire

La légende de Roberto Cofresí raconte que ce célèbre pirate portoricain de la mer des Caraïbes du XIXe siècle, concoctait un breuvage à base de rhum, noix de coco, et ananas, pour donner le moral, de la motivation, et du courage, à l’équipage de son navire…

La revue Travel Magazine de décembre 1922 fait référence à une recette de piña colada à base de rhum, jus d’ananas, sucre, citron vert, et glace.

Un article du The New York Times du 16 avril 1950 cite « les boissons des Antilles vont du célèbre punch au rhum de la Martinique, à la piña colada de Cuba (rhum, ananas et lait de coco) ».

La création de la recette actuelle de piña colada est revendiquée depuis par plusieurs barmen de Porto Rico :

  • dont Ramon « Monchito » Marrero Pérez, barman du palace Caribe Hilton de Porto Rico, qui prétend l’avoir inventée le 15 août 1954, après avoir perfectionné la recette pendant trois mois.
  • Don Ramon Portas Mingot, barman d’un bar-restaurant du vieux San Juan, prétend lui aussi l’avoir créé en 1963 (avec commémoration historique locale par une plaque en marbre).
  • Ricardo Luis Malave Gracía (surnommé « El Juego ») barman espagnol né à Barcelone en Espagne en 1914, prétend également lui aussi en être l’auteur, avant d’avoir transmis sa recette aux porto-ricains.

Préparation

La recette officielle de l’IBA de la piña colada est réalisée avec 5 cl de rhum blanc des Caraïbes, 5 cl de jus d’ananas frais filtré, et 3 cl de crème de noix de coco, le tout mélangé avec de la glace pilée au mixeur ou au shaker jusqu’à obtention d’une consistance crémeuse, mousseuse et onctueuse. Quelques gouttes de jus de citron vert peuvent être ajoutées.

La préparation est servie dans un verre ouragan (ou bien dans une noix de coco ou un ananas) avec une paille, une tranche d’ananas, et une cerise cocktail pour la décoration.

Données nutritionnelles

Un verre de piña colada peut procurer autant de calories qu’un cheeseburger de 450 calories, d’après le site Sciences et Avenir.

Quelques variantes

Le rhum blanc est parfois remplacé par du rhum ambré, et la crème de noix de coco est parfois remplacée par du lait de coco, de la crème, et du sirop de canne.

  • Chi-Chi : avec de la vodka à la place du rhum.
  • Blue Hawaii : avec lait de coco et curaçao bleu.
  • Miami Beach : gin, jus d’ananas, sirop de canne
  • Virgin Piña Colada : version non alcoolisée sans rhum.
  • Amaretto colada : avec de l’amaretto à la place du rhum.
  • Kiwi Colada : avec du jus de kiwi à la place du jus d’ananas.
  • Havana Beach : rhum, jus d’ananas, jus de citron vert, et sirop de canne.
  • Swimming Pool : à base de rhum blanc, vodka, crème de noix de coco, curaçao bleu, et jus d’ananas.

La fin du XXᵉ siècle

Les États-Unis, le Mexique, Porto Rico et les Bahamas sont les endroits grâce auxquels Bacardí n’a jamais cessé son activité. La nouvelle distillerie fondée au Brésil en 1961 a également contribué à la continuité de la marque malgré les difficultés survenues après la confiscation de la révolution cubaine.

En 1965, Bacardí ouvre une distillerie à Nassau, aux Bahamas. La même année, Bacardí International Limited a déménagé des Bahamas aux Bermudes.

En 1972, le bâtiment des Bahamas a été inauguré.

Une date importante est 1979 : cette année-là, Bacardí Rum s’impose définitivement comme une liqueur internationale et devient la première marque de liqueur en nombre de ventes dans le monde.

En 1989 , Bacardí a lancé Breezer aux États-Unis.

Bacardí Limited a été fondée en 1992, unifiant cinq unités opérationnelles stratégiques : Bacardí International Limited, basée aux Bermudes, Bacardí & Company Limited, basée aux Bahamas, Bacardí Corporation dirigée par Porto Rico, Bacardí Imports Inc. relative aux États-Unis d’Amérique et Bacardí y Compañía SA de CV, au Mexique.

Le groupe Bacardí-Martini

En 1993, Bacardí a finalisé l’acquisition de General Beverage, propriétaire du groupe Martini & Rossi. Avec cette acquisition, Bacardí double sa taille et devient l’une des cinq plus grandes sociétés d’alcool au monde.

En 1998, Bacardí a acquis de grandes marques telles que le whisky écossais Dewar’s et le gin Bombay Sapphire pour environ 2 milliards de dollars US.

En 2001, elle débourse une somme équivalente pour acquérir la marque de tequila Cazadores et la vodka Grey Goose, détenues par Sidney Frank.

En 2002, Cazadores, une marque de tequila très vendue, a été acquise. Parallèlement, une infrastructure est ouverte en Chine.

En 2003, Bacardí ouvre Casa Bacardí à Cataño, Porto Rico : les touristes peuvent ainsi visiter la distillerie.

En 2004, la marque de vodka Grey Goose a été achetée, trois ans plus tard, Bacardí a pris une participation dans Leblon Cachaça, une liqueur de luxe célèbre au Brésil.

En 2006, Bacardí rachète la marque de vodka néo-zélandaise 42 Below. Parmi les marques associées au groupe, on compte notamment la liqueur de whisky Drambuie, le Get 27, le Get 31, l’amaretto DiSaronno et les liqueurs Bénédictine et B&B. Elle a cependant perdu la distribution du whiskey Jack Daniel’s, propriété du groupe Brown-Forman.

Le 4 février 2012, Bacardí, après de nombreuses récompenses et des campagnes publicitaires réussies, fête ses cent cinquante ans. L’événement a été célébré avec la création du Ron Bacardí de Maestros de Ron Vintage spécial : MMXII, 1500 exemplaires ont été produits dont seulement 1000 sont entrés sur le marché, les 500 restants ont été donnés aux membres de la famille Bacardi. Ce rhum a été créé par huit maestros de Ron descendants de Don Facundo.

En janvier 2018, Bacardi annonce l’acquisition de Patrón, une entreprise spécialisée dans la tequila pour 5,1 milliards de dollars.

Après Havana Club, Bacardí est aujourd’hui une des marques de Rhum la plus vendue dans le monde.

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