Harry’s New York Bar – Paris

Le Harry’s New York Bar est un bar célèbre situé 5 rue Daunou à Paris, entre l’avenue de l’Opéra et la rue de la Paix et ne doit pas être confondu avec le Harry’s Bar de Venise, de Rome ou d’autres.

Depuis juin 2020, le Harry’s Bar a ouvert un nouvel établissement au cœur du Port Canto, le port de plaisance de la ville de Cannes.

New York Bar

Il fut créé le 26 novembre 1911, le jour de Thanksgiving, par un ancien jockey américain, Tod Sloan, qui avait transformé un bistro pour le rebaptiser en « New York Bar ».

Tod Sloan s’était associé à un New-Yorkais nommé Clancy (prénom inconnu) qui possédait un bar dans la 7ᵉ avenue de Manhattan, qui, à l’approche de la prohibition aux États-Unis, décida de démonter les boiseries de son bar pour les transporter à Paris.

Tod Sloan a ensuite engagé Harry Mac Elhone (1890-1958), un barman de Dundee, en Écosse, qui avait fait ses armes au Ciro’s Club de Londres.

À cette époque, les touristes et les membres des communautés artistiques et littéraires américains commençaient à affluer à Paris et Tod Sloan comptait bien les attirer au New York Bar et faire de l’endroit un endroit où les expatriés se sentiraient chez eux en retrouvant l’ambiance du pays. C’est ainsi qu’il devint le premier bar à vendre du Coca-Cola en France, en 1919.

Durant la Première Guerre mondiale, le New York Bar était est devenu un endroit familier pour les membres de l’American Field Service Ambulance Corps.

Cependant, les problèmes financiers dus son train de vie dispendieux de Tod Sloan l’obligea bientôt à vendre son bar, qui fut racheté par Mac Elhone, son ancien barman, le 8 février 1923, jour de la naissance de son deuxième fils, Andy Mac Elhone.

Harry’s Bar

Harry Mac Elhone apposa son prénom au nom bar, le transformant en « Harry’s New York Bar » qui allait rapidement devenir l’endroit légendaire où se retrouvaient des expatriés célèbres et où furent inventés et mixés des cocktails éternels comme le Bloody Mary, Blue Lagoon, White Lady… dans un esprit joyeux et chaleureux.

Pour cela, en 1924, Harry Mac Elhone fit apparaître dans le Herald Tribune ainsi que dans d’autres journaux anglo-saxons, un petit encadré stipulant : « Just tell the taxi driver : Sank Roo Doe Noo and get ready for the worst! ». Cette phrase devant permettre à tout anglophone de se faire acheminer au 5, rue Daunou…

Il devint rapidement un refuge pour les expats, les expatriés américains et les écrivains de la génération perdue dans les années 1920, un terme inventé par Gertrude Stein pour des auteurs tels que F. Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway.

À la mort de Harry, en 1958, son fils Andrew a repris le bar et l’a dirigé jusqu’en 1989. Son fils, Duncan, a repris le bar et l’a dirigé jusqu’à sa mort en 1998, lorsque sa veuve, Isabelle MacElhone, l’a repris.

Cocktails

Le bar est connu pour avoir créé bons nombres de cocktails dont : le French 75 (1915), le White Lady (1919), le Monkey Gland (1920), le Bloody Mary (1921), le Harry Pick Me Up (1923), le Side Car (1931), le Coronation 1937 Cocktail (1937), le Blue Lagoon (1960), le James Bond (1963), le Black Mischief (1977), le Christina (1984), leLiberty Cocktail (1986)… le Web Spirit (réalisé pour l’ouverture de leur site internet).

Le bar est réputé pour son cocktail « Le Pétrifiant » créé en 1964, dont il est prouvé qu’après en avoir bu plus de un à deux verres, on s’effondre. Ce cocktail contient plusieurs alcools, notamment vodka, cognac, gin, rhum blanc, Grand Marnier, Cointreau…

Clientèle célèbre

Au fil des années, le Harry’s New York Bar peut se targuer d’avoir été fréquenté par un certain nombre d’expatriés américains célèbres et de célébrités internationales telles que : Ernest Hemingway (illustre écrivain, journaliste et correspondant de guerre américain), le prince Serge Obolensky (aristocrate et mondain d’origine russe engagé dans les services spéciaux américains pendant la Seconde Guerre mondiale et qui a combattu aux côtés de la Résistance intérieure française), Coco Chanel (célèbre créatrice, modiste et styliste française), Jack Dempsey (champion de boxe américain), Aly Khan (diplomate pakistanais plus connu sous le nom de l’Aga Khan), des acteurs de Hollywood comme Rita Hayworth, Humphrey Bogart, Clint Eastwood et même, occasionnellement, le duc de Windsor le futur Édouard VIII.

Le piano bar

Au clavier du Piano Bar « Ivories » du Harry’s bar se sont succédé de grands noms du jazz comme Tommy Lyman, mais aussi Leo Deslys et Roy Barton,

C’est aussi le lieu où George Gershwin a composé « An American in Paris » dans les années 20 et qui perturba la clientèle qui n’appréciaient pas du tout la cacophonie créatrice de Gershwin et priaient le Harry’bar de s’offrir les services d’un accordeur. Gershwin nota sa composition sur des serviettes en papier qui malheureusement furent brûlées pendant la guerre pour allumer le poêle.

La musique accompagna, en 1951, le film « un Américain à Paris ».

Dans la littérature

  • Brendan Behan, écrivain irlandais qui y travailla vers 1948-49 selon ses mémoires Confessions of an Irish Rebel.
  • Raymond Radiguet, dans le premier chapitre de son roman « Le Diable au corps », raconte donner « au chauffeur l’adresse d’un bar de la rue Daunou » afin d’y emmener Marthe qui « rêvait de connaître un bar américain ».
  • Joseph Kessel, dans son roman « Le tour du Malheur », tome 3, chapitre VII, page 301, emmène ses personnages « rue Daunou, boire dans un bar américain ». L’action se situe en 1924.
  • Ian Fleming, dans la nouvelle de 1960 de « From a View to a Kill », James Bond se souvient d’avoir visité le Harry’s Bar lors de sa première visite à Paris à l’âge de 16 ans. Il a suivi les instructions de la publicité de Harry dans le Continental Daily Mail et a dit à son chauffeur de taxi « Sank Roo Doe Noo ». Il se souvient « Cela avait commencé une des soirées mémorables de sa vie, aboutissant à la perte, presque simultanée, de sa virginité et de son porte-documents ».

Sondage aux élections présidentielles américaines

Le Harry’s Bar a institué dès 1924 un vote factice qui démarre un mois avant le jour officiel du vote aux États-Unis, permettant aux Américains à Paris, lors de la période électorale, de voter. Les clients qui fournissent une preuve de citoyenneté américaine peuvent voter dans le sondage. Les résultats provisoires sont affichés régulièrement. Ce vote est devenu une véritable institution, et les résultats ont, sauf 3 fois (1976 vote en faveur de Gerald Ford, 2004 vote en faveur de John Kerry et 2016 vote en faveur de Hillary Clinton) en 25 élections, reflété la réalité des suffrages.

En 2016, straw poll (sondage) passa sans problème la barre des 500 votants, bien aidé en cela par la participation, pour la première fois de Madame l’ambassadrice des États-Unis à Paris qui fut la première, à glisser son bulletin dans l’urne.

Au dépouillement final du vote fictif, Clinton arrivait largement en tête : la candidate démocrate comptait 404 voix, contre 150 pour Trump, son opposant républicain.

Le jour de l’élection officielle, le bar fait une soirée spéciale avec le dépouillement définitif du « straw vote » et l’annonce des résultats.

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