Introduction au colloque des langues anciennes d’Autun 2018

Concevoir un évènement culturel, est toujours une période particulière dans la vie d’un responsable d’organisation. Ce sont des moments intenses constitués de réflexions, de calculs, de rédactions, de recherches, de mise en relation fait d’émotions et d’espoir où certains jours la foi inébranlable laisse place au doute le plus absolu. C’est un peu comme donner naissance à un enfant, c’est le porter sur les fonts baptismaux, le voir grandir, ambitionner pour lui des projets et puis le voir prendre son envol, le voir vivre sa vie faite de ses propres expériences, tout en ressentant au fond de soi une très grande fierté.

La vie, toujours elle, réserve des fois bien des surprises et se livre à des fantaisies pour le moins cocasses. Trublion du collège de la voie châtelaine à la fin des années 70, passionné d’histoire et d’aventure, je m’amuse à repenser au fait que n’étant pas un élève très studieux dans ces années, j’avais été privé de latin en 5e. Privé de latin comme on vous prive de dessert sous prétexte que je m’étais quelque peu assoupi l’année précédente. Mais je ne m’explique toujours pas pourquoi ces heures de latin furent remplacées par des heures d’allemand renforcé. Bref, ce qui eut pour conséquence de me pousser inexorablement vers les filières technologiques et de l’industrie.

Quel revirement de situation, moi qui depuis près de 15 ans exerce la fonction de directeur d’association culturelle, entouré de latinistes, d’hellénistes, d’historiens, d’archéologues et d’universitaires et qui plus est, de me voir aujourd’hui à l’origine de ce rendez-vous international qu’est devenu « Autun capitale des langues anciennes ».

Le point commun en fait est cette passion pour l’histoire et l’aventure qui m’ont toujours servi de cap et m’ont naturellement ramené vers le rivage des langues anciennes, car elles portent en elles bien plus que des notions linguistiques et lexicales. Elles sont : littérature, philosophie, mathématiques, chimie, médecine, astronomie, mécanique, histoire, géographie ou encore botanique… Et n’oublions pas l’Art… Et les Arts à qui elles ont tant donné. Chacune de ces matières a une histoire, chacune est une aventure et possède son propre univers.

L’apport des langues anciennes est essentiel à notre civilisation. Que serait l’humanisme que nous chérissons tant et notre perception du monde sans elles ?

La création de ce rendez-vous des langues anciennes fut pour moi l’occasion de réunir en un seul évènement l’ensemble de mes centres d’intérêt tant littéraires que scientifiques. De réussir à faire se côtoyer des univers variés, de faire se rencontrer des personnes enfermées traditionnellement dans leur spécialité et les amener à échanger sur un sujet commun, les langues anciennes, ce fut pour moi un moment d’intense satisfaction.

Bien plus que de simples langues, les langues anciennes forment un extraordinaire véhicule de Patrimoine, d’Art et d’Histoire. Si elles sont sources de connaissances et bases de compréhension du monde qui nous entoure, elles sont aussi sources de réconfort, d’évasion, de rêve. En ces temps quelque peu troublés, elles nous offrent un espace fait d’éclectisme et de subtilité, un monde à soi, mais qui appartient tout à la fois aux autres, un refuge dans lequel l’on peut se ressourcer comme on le ferait avec un jardin qui, sans être nécessairement paradisiaque, n’en est pas moins apaisant !

Donc, plongeons-nous corps et âmes dans l’espace de liberté et de créativité que nous offrent les langues anciennes, elles sont sources de vie, adoucissent les meurtrissures de l’âme et régénèrent le corps et l’esprit. Il y a fort longtemps, tout fut dit : Mens sana in corpore sano.

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