Le terme Pennsylvania Dutch est employé pour désigner en anglo-américain les descendants d’immigrés allemands et suisses qui se sont installés aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles en Pennsylvanie. Le terme « Dutch » est en réalité une déformation de l’Allemand « Deutsch », qui signifie « allemand », et ne doit pas être confondu avec les Néerlandais, bien que ces derniers aient fondé la colonie de Pennsylvanie.
Le même terme ou pennsilfaanisch désigne aussi le dialecte et l’art populaire développé par ces immigrants allemands. Leur cuisine, la Pennsylvania Dutch cuisine, contient des éléments de la cuisine allemande traditionnelle et qui a survécu au moins en partie à ce jour dans la vallée du Delaware (États de Pennsylvanie et du Delaware), à Philadelphie et, dans une bien moindre mesure, dans les États limitrophes de New York et de l’Ohio, ainsi qu’au Canada.
Les Pennsylvania Dutch sont constitués de plusieurs groupes religieux anabaptisme du XVIᵉ siècle, un mouvement qui met l’accent sur le baptême des adultes, la non-violence, la séparation du « monde » et l’autosuffisance. C’est entre 1700 et 1840 que plusieurs milliers de mennonites, de Brethren et d’amishs ont émigré depuis le Palatinat, l’Alsace et la Suisse en Pennsylvanie. Ils ont établi des fermes organisées en communautés qui ont conservé leur langue et leurs coutumes religieuses.
Petite histoire coloniale de la Pennsylvania Dutch
La confusion du terme dutch qui à l’origine en anglais désignait les Néerlandais, remonte certainement à l’histoire de ces régions du nord-est des États-Unis, qui s’appelait la Nouvelle-Néerlande, (en néerlandais : Nieuw-Nederland). Elle était une colonie établie par les Provinces-Unies au début du XVIIᵉ siècle, située entre les colonies britanniques de Virginie et de Nouvelle-Angleterre. Le territoire de la colonie s’étendait principalement le long de trois cours d’eau : la Noortrivier (fleuve du nord), la Zuidtrivier (fleuve du sud) et la Varsche Rivier (fleuve frais), respectivement les fleuves Hudson, Delaware et Connecticut. Elle avait comme véritable tête de pont et capitale administrative la ville de la Nouvelle-Amsterdam sur l’île de Manhattan.
À partir de 1621, la Nouvelle-Néerlande fait partie des territoires placés sous l’égide de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales.
En 1638, les Suédois colonisent l’embouchure du Delaware non exploitée par les Néerlandais et fondent une petite colonie avec comme capitale Fort Christina. Las de la présence d’une colonie étrangère à même le territoire des Nouveaux-Pays-Bas, le directeur-général néerlandais de la colonie de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, Pieter Stuyvesant dirige une expédition contre Fort Christina en 1655 et met fin à l’aventure suédoise au Nouveau Monde.
La colonie suédoise n’aura existé que pendant 17 ans, mais réussit néanmoins à enraciner durablement une communauté d’au moins 500 colons scandinaves.
Après la conquête de la Nouvelle-Amsterdam en 1664 par les Britanniques, la ville est renommée New York et suite au traité de Westminster en 1674, les territoires adjacents passent définitivement sous souveraineté anglaise et font partie de la Province de New York jusqu’en 1682, date à laquelle la Pennsylvanie et le Delaware furent détachés de New-York. Cependant, jusqu’à l’immigration massive de Britanniques, de quakers et d’Irlandais-Écossais ou Scots d’Ulster (Scott-Irish), le delta du Delaware demeura résolument luthérien et empreint d’une forte influence suédoise. En 1683, les premiers Allemands sont arrivés en Amérique en Pennsylvanie.
La création de la Pennsylvanie et de Philadelphie
Faisant suite à la conquête de la colonie néerlandaise par les Britanniques, en 1681, le roi d’Angleterre Charles II, en échange de l’annulation d’une dette de 20 000 £ que le gouvernement devait à son père, octroya une charte à William Penn lui permettant de fonder officiellement, à cet endroit, une colonie qu’il nomma « Pennsylvania » (Penn et le mot latin Sylvania, « forêt de Penn »), la Pennsylvanie.
William Penn (1644-1718) était le fils d’un amiral anglais et un réformateur religieux Quaker. Persécuté en Angleterre, ce mouvement rejetait la hiérarchie ecclésiastique et prônait l’égalité, la tolérance, la non-violence. La Pennsylvanie devint rapidement un refuge pour tous ceux qui étaient opprimés pour leur foi.
Fondée en 1682, la ville de Philadelphie, dont le nom signifie « amitié ou amour fraternelle » en grec, car elle devait être un îlot de tolérance religieuse. Les quakers ne venant pas en assez grand nombre pour peupler sa colonie, William Penn fit appel à des mennonites allemands, des frères moraves, des amish alsaciens, des presbytériens écossais et des baptistes irlandais et gallois.
Grâce à son port situé sur le Delaware et son activité culturelle et artistique, permit à la ville de prospérer rapidement. De nombreux immigrants européens, anglais, néerlandais, huguenots, étaient en effet arrivés, attirés par la prospérité de la ville et sa tolérance religieuse. Un premier groupe d’Allemands s’installa en 1683 et fonda la ville de Germantown aujourd’hui incluse dans le comté Philadelphie. Ils avaient à leur tête le juriste franconien Francis Daniel Pastorius, piétiste et converti au quakerisme lors de son arrivée dans les colonies anglaises.
Située dans le Nord-Est des États-Unis, entre New York et Washington, elle fut un temps la capitale provisoire des États-Unis de 1789 à 1799 durant la construction de l’actuelle capitale américaine, Washington D.C..
L’immigration germanophone aux États-Unis
L’immigration des populations de langue allemande aux États-Unis a été l’une des plus importantes et des plus durables de l’histoire du pays, s’étalant sur plusieurs siècles.
Les premiers germanophones sont arrivés aux États-Unis au début du XVIIᵉ siècle, à l’issue de la guerre de Trente Ans (1618-1648) qui a ravagé le Saint-Empire romain germanique. 125 000 luthériens allemands s’installent en Pennsylvanie, en provenance principalement d’États allemands tels que la Rhénanie, la Bavière et la Souabe, incluant des communautés religieuses anabaptistes. Ces communautés, issues de la Réforme radicale et sont originaires de Suisse, des Pays-Bas et du Saint-Empire germanique, mettent l’accent sur les convertis et le baptême des croyants adultes. Ces premiers colons se sont installés dans des colonies telles que la Pennsylvanie, le Maryland et la Virginie.
Puis, au cours des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècle, des vagues successives d’immigrants venus des États allemands sont arrivées aux États-Unis, essentiellement en raison des difficultés économiques et politiques dans leur pays d’origine. De nombreux Allemands ont également été poussés à quitter leur pays en raison de l’instabilité politique et des conflits, tels que la guerre de Sept Ans (1756 à 1763) et les guerres napoléoniennes (1803 à 1815).
Ces populations viennent pour beaucoup du sud-ouest de l’Allemagne, c’est-à-dire du Palatinat, du Bade, du Wurtemberg et de la Rhénanie, mais aussi d’Alsace et de lorraine allemande. Ils étaient pour la plupart protestants, avec de plus petits groupes appartenant aux communautés mennonite et amish qui immigrent par famille entière voir par village. Auxquelles il faut ajouter plusieurs milliers de soldats venus de la principauté de Hesse (dans l’actuelle Allemagne) venu combattre au côté des Anglais durant la guerre d’indépendance américaine (1775 à 1783).
Mais aussi, des populations huguenotes venues de France qui avait été expulsée suite à la révocation de l’édit de Nantes (qui permettait une certaine liberté de culte aux protestants) par Louis XIV le 18 octobre 1685. Ce fut le cas de la communauté Amish d’Alsace qui avait été expulsée en 1712.
Après les guerres napoléoniennes, avec le retour des soldats démobilisés, où la pression démographique devint aiguë, et accrue les difficultés sociales et économiques, aggravée par de mauvaises récoltes : l’année 1816-17 est l’année de la faim (en allemand le Hungersjahr, conséquence à l’échelle planétaire de l’éruption du volcan indonésien Tambora en 1815) poussent les populations rhénanes à immigrer aux États-Unis, voir en Russie pour certains.
Cependant, la première grande vague d’immigration de germanophones aux États-Unis a eu lieu après la guerre anglo-américaine de 1812 où arrivèrent en nombre les Allemands catholiques. Entre 1820 et 1870, lorsque plus de sept millions et demi d’Allemands y ont immigré, en raison de la pauvreté et des persécutions religieuses dans leur pays d’origine. La majorité de ces immigrants venaient de l’Allemagne du Sud et de l’Autriche qui étaient attirés par les opportunités économiques offertes par les États-Unis.
Pendant cette période, de nombreux germanophones se sont établis dans les grandes villes américaines, notamment New York, Chicago et Philadelphie, ainsi que dans les zones rurales de l’Ohio, du Wisconsin et du Missouri. Les germanophones ont contribué à la croissance économique et culturelle de ces régions, en apportant leurs compétences dans l’artisanat, l’agriculture et l’industrie.
La seconde grande vague d’immigration de germanophones aux États-Unis a eu lieu à la fin du XIXᵉ siècle et au début du XXᵉ siècle, lorsque des Suisses alémaniques, des Autrichiens et des Russes allemands (ou Allemands de Russie) ont immigré aux États-Unis. Entre 1870 et 1910, c’est environ 5 autres millions d’Allemands sont arrivés aux États-Unis, principalement en provenance des régions rurales de l’Allemagne. Les immigrants allemands se sont installés dans de grandes villes telles que New York, Chicago et Milwaukee, mais aussi dans des zones rurales du Midwest, où ils ont travaillé dans l’agriculture et l’industrie.