Les Allemands de Russie ou Russes allemands ou encore Allemands de la Volga sont des populations germaniques, principalement luthériennes, mais aussi catholiques et minoritairement baptistes, piétistes ou mennonites, provenant surtout du Sud-Ouest de l’Allemagne, de Hesse, de Rhénanie, du Palatinat, mais aussi d’Alsace qui à partir de 1763, commencèrent à s’établir dans la région de la Volga, aux environs de Saratov, sur les rives de la mer Caspienne et de la mer d’Azov à l’invitation de l’impératrice et tsarine de Russie Catherine II (d’origine allemande). Celle-ci, souhaitant coloniser ces vastes zones steppiques et presque inhabitées, situées au sud de l’Ukraine, qui avaient été conquises récemment sur l’Empire ottoman et appelée Novorossia (Nouvelle-Russie).
Or ces terres, laissées vacantes après l’expulsion des Turcs et des Tatars, n’étaient que peu, et lentement, colonisées par les populations russes et n’étaient donc pas assez cultivées ou habitées. En conséquence, Catherine II publia un manifeste en juillet 1763, invitant les populations d’Europe de l’Ouest, notamment ses anciens compatriotes allemands, à émigrer en Russie en échange de privilèges, tels que l’exonération d’impôts pendant trente ans, l’abolition du service militaire, la liberté de culte et la possibilité de vivre en autogestion totale. Ils étaient relativement indépendants du gouvernement russe.
Les difficultés économiques, sociales et politiques que rencontrèrent ces populations à partir de la fin du XIXᵉ siècle où une partie de ces droits furent révoqués, particulièrement l’exemption de service militaire et une russification forcée fut imposée aux Allemands de la Volga et les persécutions qu’ils subirent tout au long du XXᵉ siècle, conduisirent une partie d’entre eux à retourner en Allemagne et pour une partie à immigrer vers les États-Unis et au Canada. Et même en Argentine où ils devinrent d’habiles cultivateurs de blé et des éleveurs de chevaux. Selon le Centre culturel argentin des Wolgadeutsche, il y a aujourd’hui environ 2 millions de descendants des Allemands de la Volga en Argentine.
Aux États-Unis, ils s’installèrent principalement dans les Grandes Plaines : dans l’Est du Colorado, le Kansas, le Minnesota, l’Est du Montana, le Nebraska, les deux Dakota et au Canada dans les provinces du Manitoba, de l’Alberta et de la Saskatchewan. Ils y réussirent souvent dans l’agriculture sur terrain sec, une compétence acquise en Russie. La plupart de ceux qui émigrèrent après la période comprise entre 1870 et 1912 travaillèrent un temps dans les champs de betterave sucrière du Nord du Colorado.
Bien qu’ayant des traditions et une culture communes avec les communautés dites Pennsylvania Dutch et que l’on retrouve certaines similitudes dans leurs cuisines, mais, en raison de leur histoire, leurs traditions culinaires se sont développées différemment et ont adopté certains plats d’Europe de l’Est tels que le bortsch et le pierogi (Bierocks). Cependant, leurs descendants en Amérique du Nord tendent à se mélanger avec les descendants beaucoup plus nombreux d’Allemands venus d’Europe centrale, qui dominent dans la moitié septentrionale du pays.
Chaque année depuis 1959, les mennonites germano-russes organisent dans la ville de Freeman, dans le Dakota du Sud, une fête folklorique appelée Schmeckfest où des plats traditionnels sont proposés.
Autrefois appelé Runza Drive-Inn et Runza Hut, Runza Restaurant est une petite chaîne crée en 1949, spécialisée dans la cuisine des Allemands de la Volga, avec des succursales principalement dans le Nebraska. Le nom dérive de Krautrunza, une boulette farcie.
Quelques plats russes-allemands aux États-Unis
- Les Knoepfle : petites boulettes de pâte sont similaires aux gnocchis italiens et sont souvent servies avec de la viande rôtie ou du ragoût.
- La Knoephla soup : soupe épaisse et crémeuse est généralement préparée avec des pommes de terre, des légumes, du poulet ou du porc, et des boulettes de pâte.
- Les Fleischkuechle : petits pains farcis de viande hachée sont habituellement servis pour le petit-déjeuner ou le déjeuner.
- Les Bierocks : petits pains fourrés de viande hachée, de chou et d’oignons sont un plat traditionnel de la cuisine russe-allemande.
- Le Strudel aux pommes : pâtisserie délicieuse et sucrée est fréquemment servie comme dessert ou comme collation.
- Le Schmierkuchen : gâteau à base de pâte levée, de crème sure, de sucre et de cannelle.
- Zwieback : un pain sec et croquant qui est traditionnellement servi avec du café ou du thé.
- La German potato salad : salade de pommes de terre est souvent préparée avec des oignons, de la moutarde, de l’huile et du vinaigre.
- Les Rouladen : plat constitué de tranches de bœuf farcies avec de la moutarde, du bacon, des oignons et des cornichons, puis roulées et cuites dans une sauce.
- La Sauerkraut : plat d’accompagnement classique préparé à partir de chou fermenté et habituellement servi avec de la viande.
- La Schnitzesupp : soupe crémeuse aux fruits secs, en particulier des morceaux de pomme
- les Fleischkuchla : tartes fourrées à la viande, similaires aux Bierocks
- Les fiegele :, pâtisseries en forme d’oiseau, sont principalement cuites à Pâques
- Les Grebble : sont des beignets
- le Halupsi : rouleau de chou farci de riz et de bœuf haché
- les Käseknöpfla : boulettes fourrées au fromage à la crème
- La Krautrunza : boulette remplie de choucroute et de viande hachée. Il existe aussi une variante avec choucroute et saucisse polonaise
- Les Plachinta : sont des crêpes
Les Allemands de la Volga restés en URSS et Russie
Pour ceux restés en Russie, après la Révolution russe, toutes les différences de statut (et donc les avantages) furent abolies, les biens des Allemands de Russie furent collectivisés, leur liberté de culte abolie et pendant la guerre civile russe, la terreur rouge, les réquisitions et la famine s’abattirent sur eux, où une partie d’entre eux s’enfuit alors vers l’Ouest, tentant de rejoindre l’Allemagne où les survivants (Aussiedler) grossirent le nombre de pauvres. Après une courte période d’autonomie au début de la révolution russe, matérialisée par la fondation de la république socialiste soviétique autonome des Allemands de la Volga, ils commencèrent à subir les persécutions du régime stalinien qui se sont amplifiées après la déclaration de guerre de l’Allemagne nazie à l’URSS. Soupçonné de collusion avec l’armée allemande, le 24 août 1941, en vingt-quatre heures, ils sont déportés en bloc vers l’Est, en Sibérie et en Asie centrale. Les Allemands de la Volga ne seront réhabilités qu’en 1964, à la fin du « règne » de Nikita Khrouchtchev, mais ne purent retourner dans la région qui leur avait donné leur nom. La majorité d’entre eux s’installa donc en l’Oural, en Sibérie, au Kazakhstan, au Kirghizistan ou encore en Ouzbékistan, souvent dans les régions où ils avaient été déportés.
Dans les années 1990, dès l’ouverture du rideau de fer et la dislocation de l’URSS, un grand nombre d’Allemands de la Volga se sont précipités vers la lointaine mère-patrie de leurs ancêtres, en profitant du droit au retour garanti par l’article 116 GG de la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne. Cet article certifiant que toute personne pouvant prouver qu’elle a un ascendant allemand a droit à la nationalité allemande.
En 10 ans, ce sont près de 2 millions d’Allemands de la Volga qui émigrèrent en l’Allemagne.