En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse » et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses ». Le mot désigne par extension le caractère des « institutions, publiques ou privées, qui sont indépendantes du clergé, des Églises et des religions ».
La laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’État. Toutefois, le principe de séparation entre l’État et les religions peut trouver des applications différentes selon les pays.
La laïcité en France est un principe constitutionnel qui distingue et sépare le pouvoir politique des organisations religieuses. La loi de la République, neutre, garantit la liberté de culte (tant que les manifestations religieuses respectent l’ordre public), proclame la liberté de conscience et ne place aucune croyance au-dessus des autres (religion, athéisme, agnosticisme…). Ce principe, qui contribue de fait aussi à l’égalité républicaine, est résumé par la disposition : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
Historiquement, le concept de laïcité trouve ses racines dans les écrits des philosophes grecs et romains, tels qu’Épicure ou Marc Aurèle, ceux des penseurs des Lumières comme Locke, Bayle, Diderot, Voltaire, les pères fondateurs des États-Unis tels James Madison, Thomas Jefferson, et Thomas Paine, en France à travers les lois de Jules Ferry, ainsi que dans les écrits de libres penseurs modernes, agnostiques et athées, tels que Bertrand Russell, Robert Ingersoll, Albert Einstein et Sam Harris.
Contrairement aux idées reçues, le concept de laïcité a été développé par des penseurs d’obédiences variées. Ainsi, Averroès, philosophe et théologien musulman andalou de langue arabe du XIIe siècle, est également considéré comme l’un des pères fondateurs de la pensée laïque.
L’histoire de la laïcité en France est la naissance et le développement de ce principe jusqu’à l’époque contemporaine.
La laïcité a pris corps pour la première fois pendant la Révolution française : l’abolition de l’Ancien Régime en août 1789 s’est accompagnée de la fin des privilèges ecclésiastiques et de l’affirmation de principes universels, dont la liberté de conscience et l’égalité des droits exprimés par la Déclaration des droits de l’homme.
Au XIXe siècle, les lois de sécularisation ont progressivement affranchi l’État de ses liens historiques avec l’Église catholique et créé de nouvelles normes politiques et sociales bâties sur le principe de l’universalisme républicain. Ce processus, qui prenait place dans un mouvement plus large lié à la modernité, a confié au peuple souverain la redéfinition des fondements politiques et sociaux : les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, l’organisation de l’État, ses composantes et ses représentations, l’éducation, les rites de la vie civile, l’évolution du droit et de la morale, etc., indépendamment de tout dogme religieux. La Troisième République a notamment recréé l’organisation du système scolaire, en instaurant l’enseignement public, laïque et obligatoire (lois Jules Ferry). Ce processus s’est conclu par la loi sur la séparation des Églises et de l’État en 1905, qui a marqué l’aboutissement d’une laïcisation affirmée.
Au long du XXe siècle, l’État a légiféré et généralisé la laïcité en concevant de nouvelles règles de droit qui concernent la famille et l’individu. Avec la Constitution française de 1958, la laïcité fonde désormais le pacte républicain et garantit l’unité nationale.
Charte de la laïcité à l’école
En France, le 9 septembre 2013, le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a dévoilé la nouvelle Charte de la laïcité à l’École. Selon le ministre, « la vocation de la charte affichée dans nos écoles, nos collèges, nos lycées, est non seulement de rappeler les règles qui nous permettent de vivre ensemble dans l’espace scolaire, mais surtout d’aider chacun à comprendre le sens de ces règles, à se les approprier et à les respecter ».
Cette charte par laquelle, dans son introduction, « La Nation confie à l’École la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République », doit être apposée dans toutes les écoles et les établissements du second degré.
La mixité dans l’éducation
La mixité ou, dans son sens ancien, la coéducation est l’instruction et l’éducation en commun des garçons et des filles, dans des groupes mixtes.
En France, l’enseignement public était non-mixte sauf dans le cas de contraintes matérielles : les classes uniques dans des petits villages de la France rurale sont le plus souvent mixtes. On qualifiait ces classes ou ces écoles de « géminées » ou de gémination scolaire.
Le second degré de l’enseignement est composé jusqu’en 1959 de collèges et lycées, mais surtout d’écoles primaires supérieures (devenues collèges modernes en 1941) et de cours complémentaires. Les collèges, les lycées et les écoles primaires supérieures sont séparés comme les cours complémentaires en deux : école de filles, école de garçons.
Sous la Ve République, la mixité est généralisée : La réforme Berthoin en 1959 légalise les lycées mixtes. La loi Fouchet-Capelle en 1963 l’étend aux collèges. En mars 1968, la moitié des classes des lycées et des collèges sont mixtes.
Enfin, la loi Haby de 1975 et ses décrets d’application de 1976 généralisent la mixité dans tous les degrés de l’enseignement. En pratique, les cours d’éducation physique étaient séparés assez systématiquement jusqu’aux années 1990. Dans les lycées professionnels, de nombreuses sections sont restées unisexes.