Galette et gâteau des rois

La galette des rois et le gâteau des rois sont des pâtisseries fortes anciennes traditionnellement vendues et consommées à l’occasion de l’Épiphanie, fête chrétienne qui célèbre la visite des rois mages à l’enfant Jésus, célébrée selon les pays le 6 janvier ou le premier dimanche après le 1er janvier.

Histoire

L’historien romain Tacite écrit dans ces « Annales » que, dans les fêtes consacrées à Saturne, il est d’usage de tirer au sort la royauté.

Antiquité

L’origine du gâteau et de la galette des rois semble être liée aux Saturnales (fêtes romaines situées entre la fin du mois de décembre et le commencement de celui de janvier) durant lesquelles les Romains désignent un esclave comme « roi d’un jour ». Ces fêtes Saturnales favorisent en effet l’inversion des rôles afin de déjouer les jours néfastes de Saturne, divinité chthonienne et de fêter l’augmentation des jours après le solstice d’hiver.

Lors de ces cérémonies, un banquet (au début ou à la fin des Saturnales, selon les différentes époques de la Rome antique) était organisé au sein de chaque grande familia où un gâteau était fait rond, fourré de figues, de dattes et de miel, divisé en parts égales entre les maîtres et les esclaves. À l’intérieur de celui-ci, était introduite une fève pour tirer au sort le « Saturnalicius princeps » (prince des Saturnales ou du désordre) ; celui qui avait la chance de la trouver dans la part qu’il recevait était nommé roi. Le « roi d’un jour » dispose du pouvoir d’exaucer tous ses désirs pendant la journée (comme donner des ordres à son maître) avant d’être mis à mort, ou plus probablement de retourner à sa vie servile. Cela permet de resserrer les affections domestiques.

Ère chrétienne

Le partage de la galette est également associé à la célébration des rois mages lors de l’Épiphanie, pour les chrétiens.

Plusieurs calvinistes, luthériens, tout comme certains catholiques se sont opposés à cette coutume païenne ; ainsi, les discours du chanoine de Senlis en 1664 reprochent le côté festif de la galette.

Époque médiévale

L’usage commande de partager la galette en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée « part du Bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du pauvre » est destinée au premier pauvre qui se présentera au logis.

Dans sa Vie privée des Français, Legrand d’Aussy écrit, que, dès 1311, il est question de gâteaux feuilletés dans une charte de Robert II de Fouilloy, évêque d’Amiens. Souvent même, on paye les redevances seigneuriales avec un gâteau de ce genre.

Temps modernes

À Paris, dès le XVIᵉ siècle, le gâteau des rois a été l’objet d’une guerre féroce entre les boulangers et les pâtissiers : ces deux corporations voulaient chacune obtenir le monopole de vendre ce gâteau symbolique : les pâtissiers gagnèrent et François Ier leur accorda le monopole de la vente des gâteaux des rois. Cet arrêt fut confirmé plusieurs fois par le parlement jusqu’au XVIIIᵉ siècle. Mais les boulangers ne s’avouèrent pas vaincus : ils offrirent à leurs clients pour l’Épiphanie des galettes, d’où le nom moderne du gâteau des rois.

On « tire les rois » même à la table de Louis XIV où l’on réserve une part pour la Vierge qu’on distribue ensuite aux pauvres.

En 1711, le Parlement de Paris décide, à cause de la famine, de le proscrire afin que la farine, trop rare, soit uniquement employée à faire du pain.

Révolution française

Quand vient la Révolution, le nom même de « gâteau des rois » devient un danger et Pierre-Louis Manuel, du haut de la tribune de la Convention, tente sans succès d’obtenir l’interdiction du gâteau des rois, mais la galette triompha du tribun. Peu après, un arrêté de la Commune ayant changé, dans la séance du 31 décembre 1791, le jour des rois en « jour des sans-culottes », le gâteau n’a plus sa raison d’être. Cette disparition n’est néanmoins que momentanée, car les sans-culottes ayant renommé l’Épiphanie en « fête du Bon Voisinage » pour ne pas mécontenter les boulangers et les pâtissiers qui jouaient un rôle majeur dans l’approvisionnement et l’alimentation de l’époque, et un décret du 4 nivôse an III (24 décembre 1794) ayant recommandé de partager la « galette de l’Égalité », il reparaît bientôt sur toutes les tables familiales.

Aujourd’hui

La tradition du gâteau des rois s’est maintenue jusqu’à nos jours, mais désormais les boulangers les vendent et ne les donnent plus et, à Paris au moins, les galettes se sont hybridées avec le pithiviers pour donner des galettes fourrées à la frangipane.

Au palais de l’Élysée

Une galette géante (40 fois plus grosse qu’une galette classique en 2018) est livrée chaque année au président de la République depuis 1975. Mais selon le même principe que la « galette de l’Égalité » de la période révolutionnaire, la galette offerte chaque année au président ne cache aucune fève, au nom du respect des principes de la République.

Composition

Le gâteau et la galette

La galette à base de pâte feuilletée fourrée à la crème frangipane dans les 3/4 nord de la France, le pain sucré parfumé à l’eau de fleur d’oranger autour de la Méditerranée et en Franche-Comté, se partagent les tables.

Dans les pays de langue d’oïl où l’on prépare dès le XVᵉ siècle un dessert de pâte feuilletée fourrée de crème d’amandes qui devient plus tard une pâte levée à la levure de bière nommée « gorenflot ». On trouve aussi des galettes à base de pâte sablée dans l’ouest.

La galette des rois est une galette traditionnellement élaborée et consommée dans une majeure partie de la France, en Suisse, au Luxembourg, en Belgique ainsi qu’au Liban, au Québec et en Acadie. Elle est à base de pâte feuilletée, simplement dorée au four et mangée accompagnée de confitures ; elle peut également être fourrée avec diverses préparations : frangipane, fruits, crèmes, chocolat, frangipane mélangée à la compote de pommes, par exemple.

Cette galette est aussi appelée galette parisienne dans les régions du sud de la France, où l’on consomme non pas la galette, mais le gâteau des rois.

Dans les pays de langue d’oc, où l’on fabrique un gâteau des rois et non une galette. Le gâteau des rois est un gâteau, plus ou moins dense ou brioché, usuellement élaboré et consommé en France et dans la péninsule Ibérique. De forme torique, parfumé à l’eau de fleur d’oranger, il est recouvert de sucre et parfois de fruits confits. Il est consommé en France méridionale (principalement en Provence, en Aquitaine historique (jusqu’au Poitou), en Gascogne et Languedoc historique jusqu’au Velay) et appelé « fouace des rois », « couronne des rois » ou « couroùno des reis » ou « tourtèl des reis » mais aussi « royaume » ou « reiaume » à Montpellier et dans les Cévennes, « gâteau de Limoux » à Limoux, « coque des Rois » dans la région toulousaine et en Ariège, « couronne bordelaise » ou « brioche bordelaise » à Bordeaux, « garfou » en Béarn, « pastissou » en Périgord, « flamusse » en Bresse, « goumeau » en Franche-Comté et « tortell de reis » en catalan ; « roscón de reyes » en espagnol, au « bolo rei » au Portugal.

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, le gâteau des rois (King cake) était autrefois populaire, il était fréquemment cuit avec un haricot caché d’un côté et un pois caché de l’autre ; l’homme/seigneur trouvant le haricot est devenu roi pour la nuit, tandis que la femme/dame trouvant le pois est devenue la reine. Ils étaient connus sous le nom de Lord ou Lady of Misrule. Avec la révolution industrielle et la réduction des festivités de Noël, le gâteau/galette des rois pour l’épiphanie a perdu de sa popularité pour être remplacé par le « gâteau de Noël » (Christmas cake).

Louisiane

En Louisiane et dans certaines de la région de la côte du Golfe du Mexique historiquement colonisées par les Français, le gâteau des rois est associé au Mardi Gras et est traditionnellement servi de l’Épiphanie au Carnaval. Il a peut-être été introduit par les colons basques en 1718, ou par les Français en 1870. À La Nouvelle-Orléans, lors du mardi gras, un « gâteau des rois » consistant en une espèce de brioche au glaçage aux couleurs traditionnelles du carnaval, violette pour la justice, verte pour la foi et or pour le pouvoir. Le gâteau des rois peut être fourré de fromage à la crème, de praliné, de cannelle ou de fraise. Le « Zulu King Cake » a un glaçage au chocolat avec une garniture à la noix de coco. Traditionnellement, un petit bébé en porcelaine, symbolisant Jésus, est caché dans le gâteau des rois. Le bébé symbolise la chance et la prospérité pour celui qui le trouve. Cette personne est également responsable de l’achat du gâteau de l’année prochaine ou de l’organisation de la prochaine fête du Mardi Gras.

Mexique

La tradition de la Rosca de Reyes (« Couronne du Roi ») a été introduite au Mexique au XVIᵉ siècle par l’Espagne. Le gâteau est fait de pâte à levure et généralement sans garniture, uniquement pour l’Épiphanie le 6 janvier. Le gâteau est décoré de fruits du désert confits tels que des dattes, des figues, etc. Cachées à l’intérieur se trouvent plusieurs figurines en porcelaine ou en céramique de votre choix. La tradition veut que celui qui trouve un enfant en porcelaine fasse un suivi de la fête et prépare aussi des tamales (papillote amérindienne préhispanique, préparés à partir de pâte de farine de maïs farcie de viande) pour tous les invités. La fête est ensuite célébrée le 2 février, la Fiesta de la Candelaria (Chandeleur).

La fève

La tradition de « tirer les rois » à l’Épiphanie passe par la dissimulation d’une fève dans la galette ; la personne qui obtient cette fève devient le roi ou la reine de la journée.

L’emploi de la fève remonte aux Grecs anciens qui en utilisent pour l’élection de leurs magistrats. Les Romains se servant du même moyen pour élire le maître des Saturnales, l’Église catholique combat longtemps cette coutume païenne – avant de remplacer la graine par l’enfant Jésus, longtemps cherché par les Rois mages.

Les premières fèves en porcelaine apparaissent à la fin du XVIIIᵉ siècle. Pendant la Révolution française, on remplace l’enfant Jésus par un bonnet phrygien. La même époque voit naître la « galette de la Liberté », ou « de l’Égalité », dépourvue de fève, qui permet de poursuivre la tradition du gâteau partagé sans élire un roi. À partir de 1870, les graines de fève sont systématiquement remplacées par des figurines en porcelaine ou plus récemment en plastique.

Si l’emploi de fèves est d’actualité, il existe une multitude de fèves fantaisie que collectionnent les adeptes de la fabophilie (ou favophilie, est le fait de collectionner les fèves de galettes des rois).

La couronne

La personne qui découvre la fève a le droit de porter une couronne de fantaisie puis choisit sa reine ou son roi. Dans le circuit commercial, dès la seconde moitié du XXᵉ siècle, les boulangers fournissent avec la galette une couronne en papier doré ou argenté.

Les boissons d’accompagnement

Selon les moyens, jus de pomme, cidre, mousseux, muscat ou vins blancs, dont le champagne, accompagnent le partage de la galette.

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