Archéologie expérimentale et expérimentations

Expérimentations

Venant du latin experimentum, de experiri (expérience), l’expérimentation est l’action d’expérimenter, de connaître quelque chose par l’expérience, ou d’en faire l’expérience. En Science, elle est l’ensemble des moyens et des procédures de contrôle reposant sur l’expérience et l’observation contrôlée afin de vérifier une hypothèse ou une théorie.

Archéologie expérimentale

L’archéologie expérimentale est une discipline apparue au Danemark au XIXe siècle au sein de l’archéologie qui vise à reconstituer l’usage et le mode de fabrication des vestiges archéologiques à travers l’expérimentation. Le but premier de l’archéologie expérimentale est de participer à la connaissance du passé au-delà des limites de la recherche et de la déduction. L’archéologie classique est en effet par essence limitée aux faits laissant une trace incontestable. Des éléments tels que les techniques utilisées pour produire un effet déterminé ou la durée de vie des constructions vont pouvoir être éclaircis en partie par l’expérimentation.

Les archéologues expérimentateurs reconstituent au mieux des objets techniques et les comparent avec les objets originaux. Cette approche moderne permet d’étudier les méthodes de fabrication (taille du silex, creusement de pirogues, réalisation d’objets, habitations, produits alimentaires, etc.) à partir des observations faites lors de fouilles, selon une méthodologie précise, pour tenter de valider les hypothèses scientifiques relatives à la fabrication et à l’utilisation de ces objets. La démarche utilisée pour atteindre ces buts peut être une simple validation d’hypothèse ou une recherche à l’aveugle.

Aujourd’hui, une confusion existe entre archéologie expérimentale et reconstitution historique ; celle-ci s’explique notamment par la proximité de certaines pratiques inhérentes à ces deux démarches et par une mauvaise utilisation de vocabulaire. Pour illustrer ce propos, citons Fernand Collin dans son article « Médiation et recherche en Préhistoire » paru en 2017 :

« Dans le champ de la recherche archéologique, l’archéologie expérimentale a du sens et elle a un bel avenir méthodologique. Dans le champ de la communication publique, nommer une démonstration « archéologie expérimentale » est un abus de langage. Il y a un risque de tromper le public auquel on fait vivre une réalité pseudo-scientifique. En fait, on prélève une partie de la recherche (certains résultats) et on la met en scène dans une présentation brève et simplifiée, une sorte de démonstration qui ne correspond qu’à un simple test. Dans ce cas, parler d’expérience (et non pas d’expérimentation ou d’archéologie expérimentale) est plus judicieux » (Fernand Collin 2017, p. 92).

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