L’estaminet

Estaminet ‘Le Bruegel” à Bergues

Un estaminet est originellement un débit de boissons, synonyme de café, mais servant en général de la bière et proposant aussi du tabac et des jeux traditionnels. Les estaminets se situent en Belgique et dans le Nord de la France. Ils font partie du patrimoine culturel des pays du Nord de l’Europe.

On trouve également jadis le terme utilisé ailleurs. Ainsi, parlant des cafés de Paris, Jules Lovy écrit, en 1858 : « Le même monde qui s’épanouit aujourd’hui dans les brasseries se prélassait autrefois dans les estaminets et les cafés-caveaux ».

Au début du XIXᵉ siècle, et alors que dans les cafés, plus élégants, le tabac est interdit, il est permis de fumer dans les estaminets. Le mot « estaminet » était fréquemment employé avant la Première Guerre mondiale et désignait plutôt un débit de boissons, où l’on pouvait boire un verre et fumer. On y trouvait parfois, dans le même lieu, une épicerie ou un maréchal-ferrant, et il s’apparentait un peu à nos cafés multi-services d’aujourd’hui.

Lieu de détente par excellence des ouvriers, l’estaminet était aussi souvent le point de rendez-vous des sociétés locales, depuis les sociétés colombophiles jusqu’aux bourleux (La bourle est un jeu de boules traditionnel du nord de la France, très pratiqué jusqu’au début du XXᵉ siècle).

Il arrivait que les sociétés chantantes incluent dans leur nom celui de l’estaminet dans lequel elles se réunissaient à l’instar de : « Les Amis-Réunis à l’Estaminet du Grand Quinquin » à Lille.

Aujourd’hui, le nom estaminet désigne les tavernes, auberges et brasseries typiques du Nord, qui reprennent en décoration des ustensiles anciens, et des décorations typiques, rustiques et traditionnelles, tout en servant des plats et des boissons typiques de la région.

Étymologie

L’histoire du mot « estaminet » est plutôt riche et donne lieu à plusieurs hypothèses concernant son origine. En 1802, l’Académie française le définit en une formule lapidaire : « Assemblée de buveurs et de fumeurs », ayant établi le constat, a posteriori, que cette appellation nouvelle qu’on ne trouve qu’à partir du milieu du XVIIIᵉ siècle désigne aussi le lieu où elle se tient. Il est précisé également que « Cet usage qui vient des Pays-Bas, c’est propagé à Paris où l’on dit aussi Tabagie (lieu public où l’on se réunissait autrefois pour fumer) pour distinguer ces sortes d’assemblées ».

L’hypothèse la plus répandue est que le mot serait d’origine wallonne, et viendrait de « Staminé », qui signifie une salle à piliers, ou encore d’un jeu wallon, le stamon, appelé jeu du poteau. De là, quand on voulait se réunir pour boire de la bière, pour traiter des affaires entre les pots de bière, on disait : « Allons au sta, Menheer » et, peu après, par corruption : « allons à l’estaminet ».

Une origine flamande lui est par ailleurs attribuée, provenant du mot stam, qui veut dire souche, in stam « être en famille », l’estaminet serait donc une réunion de famille. Puis, ils admettent au milieu d’eux des amis, des personnes étrangères. Or, d’après les anciennes chroniques, il arrivait souvent que les hommes ainsi rassemblés vidaient plus de pots de cervoise qu’il ne fallait au point que leur raison en était altérée. De là, le mécontentement des ménagères ; les maris ne voulurent plus subir les observations et prirent la résolution de se réunir dans un endroit où ils pussent être à l’abri de la surveillance conjugale. Et, comme ceux qui les recevaient gagnaient de l’argent, d’autres les imitèrent et fondèrent des établissements semblables, sous la même dénomination. Le patron flamand invitait d’ailleurs les clients à entrer en leur lançant un « Sta Menheer » malicieux (« faites une halte, monsieur »). Finalement cette phrase, réclame bon marché de la maison, passa de bouche en bouche, et fut adoptée comme enseigne, tant parce qu’elle était devenue sacramentelle que par son laconisme significatif.

Une autre explication commune, wallonne et flamande, proviendrait du mot « étable », staulle en wallon, stalle en flamand.

On lui donne aussi une origine espagnole (la Belgique fut, un temps, espagnole par mariage et héritage) provenant de « Está un minuto », un lieu où on passe rapidement boire un verre. Cette explication est considérée comme farfelue par de nombreux Espagnols. Le mot n’existe pas en Espagne et est plutôt de nature folklorique en Belgique.

Ce contenu a été publié dans Gastronomie et terroirs, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.