La bière des îles britanniques

La bière britannique a une tradition fort ancienne et présente un vaste échantillon de types authentiques issus de la fermentation haute, dont la plus consommée est la « ale ». C’est à partir du XVIIIᵉ siècle qu’elle devait connaître ses heures de gloire avec des bières amères, tièdes et sombres exportées dans le monde entier : la porter, le Stout et la pale ale. Malgré son insularité, le Royaume-Uni céda à l’influence des bières lager continentales au XXᵉ siècle.

Toutefois, le pays conserva longtemps la particularité d’avoir une consommation d’ale supérieure à celle de lager, notamment en pub plutôt qu’à la maison, ainsi qu’un conditionnement en fût plutôt qu’en bouteilles, ce qui permet à la bière de poursuivre sa maturation dans les caves des pubs en attendant d’être servie.

Les types de bière

Les bières y sont classées par type de bière ou style, avec des variantes. Cependant, les termes ont évolué ainsi que les produits qu’ils désignaient. Malgré des différences notables de couleur, d’amertume, de densité ou de clarté, étant donné leur commune origine, il y a une certaine homogénéité entre les ales.

Il y a en outre des variations régionales :

ainsi au Pays de Galles, les bières sont moins fortes et en Écosse, les brasseurs utilisent le houblon avec parcimonie.

Parmi les houblons notoires, il y a le « Fuggles », le « Goldings » ; quant au malt, c’est le « Maris Otter » qui est le plus réputé. Aujourd’hui, il y a aussi des additifs, tel le miel, le gingembre ou les épices, bien que cette pratique soit encore rare.

Fermentation basse :

  • Lager ou Pale lager : de type pils ou export, avec notamment Carling et Foster’s.

Fermentation haute :

  • Ale : Brown ale
  • Bitter : pale ale (voire India pale ale) houblonnée avec entre 3,5 % et 7 % vol. avec une couleur allant du doré au brun foncé et les variantes
  • Porter / Stout

Les ales

Le terme ale, vient du vieux norvégien (øl), via l’anglais, désigne de manière générique les bières de fermentation haute, une des trois grandes familles de bière avec les lambics (fermentation spontanée) et les lagers (fermentation basse).

À l’origine, en Grande-Bretagne, toute bière était une ale, à savoir une cervoise, aromatisée au moyen de gruit plutôt que de houblon. Au cours du XVe siècle, la bière houblonnée, appelée « bier » ou « beer », fit son apparition dans les cales des navires marchands néerlandais. Donc à cette époque, ale désignait une cervoise et beer une bière houblonnée.

Au cours du XIXe siècle, alors que beer s’était imposé en anglais comme terme générique pour toutes les formes de bière, l’apparition des lagers, bières de fermentation basse, modifia la donne, ale désignant les bières de fermentation haute. Cette distinction reste inchangée.

L’histoire ancienne de la bière britannique

L’histoire de la bière britannique remonte aux origines de notre civilisation, on a retrouvé trace d’une bière à l’orge à Skara Brae au nord de l’Écosse remontant au Néolithique.

L’art du brassage était connu des Celtes, toutefois, le houblon était rarement utilisé, le brassin pouvait être parfumé avec du miel, ou des plantes telles la myrte des marais, l’armoise commune ou la reine-des-prés. Le Grec Pythéas remarque dès 325 av. J.-C. que les habitants de Calédonie sont doués dans l’art du brassage. En 70, Pline l’Ancien rapporte que les Celtes de Bretagne brassent une bière du nom de curmi, aromatisée au piment royal (myrte des marais), au romarin et à l’achillée millefeuille.

Au Moyen Âge, la bière était un breuvage déjà fort répandu et consommé par toutes les couches de la population, notamment là où la vigne poussait mal. Ses qualités hygiénique et calorique étaient vantées si bien qu’elle était la boisson par excellence avec une consommation de l’ordre de 300 litres par an et par personne. C’est à partir de 822 qu’un évêque carolingien rapporte l’utilisation de houblon ; en raison des difficultés du dosage, le gruit continua à prévaloir longtemps encore.

La Chronique anglo-saxonne datant de 852, note la distinction entre fine ale (ale fine) et Welsh ale (ale galloise) ou bragawd. Cette dernière était forte et concoctée à partir d’épices telles que cannelle, gingembre et clou de girofle en plus d’herbes et de miel.

La première taxe sur la bière au Royaume-Uni fut la dîme de Saladin, introduite en 1188 par Henri II pour récolter des fonds pour les croisades.

À cette époque, la bière était brassée par des abbayes et des tavernes indépendantes, mais la dissolution des monastères au XVIe siècle signifiait que le brassage britannique avait perdu son lien avec les maisons religieuses plus tôt que dans d’autres pays européens.

La réforme

Dès le XIVe siècle, on distingue les ales (bières sans houblon) des beers (bières avec houblon). Ce n’est qu’en 1400 que des bières hollandaises parvinrent sur les îles Britanniques et qu’en 1428 que les premières plantations de houblon débutèrent. Les brasseurs n’avaient pas le droit de produire alors les deux types en même temps : ils devaient brasser soit l’un, soit l’autre. Ainsi la Guilde des Brasseurs de Londres fondée en 1342 promulgue un édit stipulant que : « ni houblon, ni herbes ou autres substances similaires ne doivent être ajoutés en aucune ale ou eau, qui ne doit être composée que d’eau, de malt et de levure ».

En ces temps, c’étaient essentiellement les femmes (appelées broustaris ou alewives) et les moines qui brassaient. Ce n’est qu’après la Réforme protestante, en 1560 et la dissolution des monastères, que les brasseries commerciales commencèrent à s’organiser et le métier de maître brasseur à se « viriliser ». Autre conséquence de ce chargement est que les entreprises de brasseries britanniques sont les plus anciennes à l’instar de Shepherd Neame fondée en 1698 et Bass Red Triangle et Diamond ont été les premières marques déposées. Ces entreprises familiales sont devenues des marques nationales au XIXe siècle, dont beaucoup sont basées à Burton-on-Trent connu pour son eau particulièrement bonne pour le brassage.

Les brasseurs s’unirent rapidement afin de parfaire leurs productions : la Société des brasseurs d’Edimbourg fut fondée en 1598. Dès ce moment, des petites brasseries où l’on pouvait consommer sur place, préférèrent leur acheter leurs bières de qualité plutôt que de prendre le risque de devoir perdre un brassin, en raison d’une mauvaise qualité et devinrent les premiers pubs (ou tavernes).

L’union act

L’usage d’herbes en lieu et place du houblon devait perdurer longtemps en Écosse. Thomas Pennant écrit dans « A Tour in Scotland » en 1769 que l’ale y est souvent faite à partir de 2/3 de bruyère avec 1/3 de malt et parfois du houblon.

En Écosse, après l’Acte d’Union (1707) les taxes y furent réduites ou annulées, avantageant les brasseurs locaux tels William Younger, Robert & Hugh Tennent et George Younger. En 1719, la Dudgeon & Company’s Belhaven Brewery fut fondée, rivalisant avec les plus grandes brasseries continentales. Plus-tard, la taxation au shilling y fut introduite alors, pénalisant les bières fortes (heavy et export). Les catégories de taxations réunissaient des bières fort différentes telles une mild ou une pale ale, ou encore une Stout. Les divers échelons étaient ainsi répartis (/- signifie shilling ou bob selon une expression populaire) :

  • Light : (60/-) en dessous de 3,5 % vol.
  • Heavy : (70/-) entre 3,5 % et 4,0 % vol.
  • Export : (80/-) entre 4,0 % et 5,5 % vol.
  • Wee heavy : (90/-) au-dessus de 6,0 % vol.

Les temps modernes

Au début du XVIIIe siècle, un nouveau type de bière apparaît à Londres : la porter (et la Stout) brassée à partir d’une « mild ale » traditionnelle (le terme mild (doux) n’avait rien à voir avec la force ou l’amertume de la bière, mais avec son état de mûrissement peu avancé et son absence d’aigreur). C’était la première bière dont le mûrissement était opéré à la brasserie et qui pouvait alors être dégustée immédiatement ; avant, la bière verte était expédiée aux revendeurs qui se chargeaient de la garde. Elle fit le succès de brasseries telle Whitbread Brewery, Old Truman Brewery, Parsons Brewery et Henry Thrale ce qui favorisa l’évolution technologique et l’usage du thermomètre, de l’hydromètre… La pompe à bière fut inventée par Joseph Bramah en 1797, ce qui révolutionna la distribution des bières au comptoir, car avant la bière était versée dans une cruche à la cave puis apportée au consommateur.

Un nouveau système de taxation fondé sur la force de la bière se mit en place avec trois classes distinctes : table, small et strong (table, petite et forte) noté aussi avec des « X », « XX » et « XXX ». Pour éviter la taxe, les brasseurs mêlaient alors leurs productions. Mais en 1830, le Beerhouse Act autorise quiconque à brasser et à vendre de la bière ou du cidre, dans un pub ou à la maison, contre une modeste licence coûtant 2 ₤ pour la bière et l’ale et 1 ₤ pour le cidre. Ainsi des centaines de nouveaux pubs ouvrirent rapidement diminuant l’influence des grandes brasseries.

On développa aussi alors à Édimbourg et à Burton upon Trent entre 1821 et 1840 l’India pale ale (ou parfois simplement IPA, pale ale ou India ale dont le terme était déjà apparu en Inde dès 1784) afin de satisfaire la soif des contrées éloignées et des expatriés dans l’Empire. La qualité de l’eau y était parfaitement adaptée à la production de la pale ale et de la scotch ale.

Ce nouveau type de bière trouva dès 1830 le nom de bitter, plus légère, plus houblonnée et amère. Sa clarté fut appréciée par les consommateurs qui commencèrent alors à utiliser le verre à bière plutôt que la chope en céramique pour boire. Les Stouts et les porters était trop troubles et foncées pour bénéficier de la transparence d’un verre. De ce fait, la Bass Brewery, brasserie de Burton dirigée alors par Michael Thomas Bass, acquit une prédominance du marché et 1/4 des pale ales y étaient brassées jusqu’à ce qu’un chimiste C. W. Vincent découvrit le processus de burtonisation reproduisant la même qualité d’eau de Burton et permettant à toute brasserie de produire des pale ales.

L’IPA, la bière de l’empire et de l’armée des Indes

Les IPA ont été développées au XVIIIᵉ siècle pour approvisionner les troupes coloniales britanniques en Inde, la bière supportant mal la traversée. Les IPA, grâce à l’ajout de sucre et de houblon, auraient été préservées.

Cependant, cette histoire semble avoir été inventée par le brasseur anglais George Hodgson, alors principal brasseur d’IPA, au début du XIXᵉ siècle. Les bières habituelles supportaient généralement le voyage de Grande-Bretagne vers les Indes. La Bow Brewery de George Hodgson était devenue, grâce à ses liens avec la Compagnie britannique des Indes orientales, le principal exportateur d’alcool vers les Indes encourageait ce commerce pour deux raisons :

  • le voyage du retour des Indiamen (Indiaman est un navire affrété ou armé par la Compagnie anglaise des Indes orientales) se faisait sinon à vide et ce chargement permettait de lester ces navires afin d’affronter la haute mer ;
  • la bière étant difficile à brasser en raison du climat à cette époque, éviter aux hommes de boire des alcools locaux, dangereux pour la santé.

Jusqu’au XVIIe siècle, la bière est brassée avec du bois ou de la paille, ce qui lui donne un goût de fumée, ainsi qu’une couleur brune. Avec la révolution industrielle, le coke, à la combustion bien plus propre, permet de produire une bière pale, comme l’IPA.

Les bières IPA gagnent ensuite en popularité et les brasseries se multiplient. Parmi elles, la « Bass Brewery » qui produit la bière « Bass Pale Ale » qui fut un temps la bière la plus vendue au Royaume-Uni et exportée dans tout l’Empire britannique.

Ou encore la « Fountain Brewery » fondée par William McEwan à Édimbourg en 1856, dont la bière, la McEwan’s India Pale Ale est au début principalement exportée vers les colonies britanniques grâce à l’activité de transport par bateau de son père. En 1914, la McEwan’s est distribuée dans tout le Royaume-Uni.

Le déclin des bières IPA est causé notamment par l’arrivée, dans l’Empire britannique, de l’eau tonique, boisson gazeuse contenant de l’eau additionnée de quinine (contre le paludisme) et souvent mélanger à du gin, ainsi qu’au développement du commerce de la glace et surtout par le développement de la réfrigération, qui permet de brasser la bière toute l’année et de la servir fraîche. En 1870, le Premier ministre William Ewart Gladstone décide de taxer la bière selon son degré d’alcool, pénalisant les IPA par rapport à des bières plus légères. Puis avec la Première Guerre mondiale, les céréales sont réquisitionnées, ce qui fait encore baisser le degré des bières. La plupart des brasseurs sont rachetés ou font faillite.

À la fin des années 1980, avec l’essor des microbrasseries, certaines brasseries artisanales des États-Unis ont relancé la fabrication d’IPA. Cette tendance de l’IPA est arrivée en Europe au cours de la décennie 2010.

Du XXᵉ siècle à nos jours

Les lagers arrivèrent sur les îles à la fin du XIXᵉ siècle, mais ne connurent le succès qu’à la fin du XXᵉ siècle.

À la suite des mouvements de tempérance et après la Première Guerre mondiale, des mesures furent prises afin d’augmenter la taxation, de diminuer la force alcoolique, de restreindre la vente d’alcool et les heures d’ouvertures des pubs. Des lois moins sévères en Irlande permirent alors à Guinness de s’emparer du marché des Stouts en bouteille.

Au début du XXe siècle, la bière à la pression fit son apparition et la carbonation artificielle fut introduite en même temps que la pasteurisation en 1936, par Watney.

Bien que le marché des strong ales déclina à la fin du XIXᵉ siècle, John Martin (un brasseur expatrié en Belgique) encouragea dès 1920 les brasseurs britanniques à relancer leurs strong beers pour l’export, notamment sous les termes de Bulldog ale, Christmas ale et Scotch ale. Bien qu’il existe diverses appellations régionales telle Scottish ale, Cornish ale ou Kentish ale, rien n’indique toutefois une différence notable de style, même si les brasseurs américains réservent le terme de Scottish ale aux pale ales douces.

En 1963, le brassage amateur (home brewing) fut légalisé à la condition de le limiter à sa consommation personnelle.

Dans les années 1970, le brassage s’est concentré dans une poignée de grandes entreprises nationales, qui sont devenues des éléments constitutifs de grandes multinationales telles que AB InBev.

Le Beer Orders

À la fin des années 1980, six brasseurs nationaux dominaient le marché de la bière vendue dans les pubs au Royaume-Uni. Il s’agissait de Allied, Bass, Courage Grand Metropolitan, Scottish & Newcastle et Whitbread.

Cela a suscité des inquiétudes quant au manque de concurrence pour les consommateurs. En 1989, un rapport intitulé « The Supply of Beer » communément appelé « Beer Orders ».

Le rapport mettait en avant un certain nombre de conclusions défavorables liées à l’intégration verticale entre la brasserie et la vente au détail dans les pubs. Il recommandait de desserrer le lien entre la vente au détail dans les pubs et la brasserie, afin de faciliter la concurrence entre les brasseurs, les pubs et de facilité l’entrée de nouvelle marque sur le marché.

À l’issue de ce rapport, deux nouvelles lois furent introduites en 1989, limitant à 2000, le nombre de pubs dépendant d’une grande brasserie et obligeant celles-ci à autoriser leurs pubs à pouvoir vendre au moins une bière venant d’une autre brasserie (guest ale).

La conséquence de ces lois eu comme bénéfice d’avoir profondément et favorablement remanié le système de distribution au Royaume-Uni, tant et si bien que le « Beer Orders » fut révoqué en 2003.

La mise en place, en 2002, d’une nouvelle taxation du nom de « Progressive Beer Duty », permettant une réduction d’impôt pour les petites brasseries, a vu leur nombre explosé. En 2002, il y avait environ 700 brasseries dans le pays, en 2014, il y avait plus de 1472, correspondant sur la periode à l’ouverture de 3 nouvelles brasseries par semaine, 3 nouvelles brasseries commençant chaque semaine.

C’est le plus grand nombre de brasseries par habitant au monde et elle produisent plus de 8 000 bières régulières et des milliers d’autres bières saisonnières et uniques.

La Porter et la Stout

La Porter et la Stout sont des bières brunes de haute fermentation avec un certain nombre de variantes. La première utilisation connue du mot Stout pour la bière, dans un document daté de 1677 trouvé dans les manuscrits d’Egerton, faisait référence à sa force Le nom porter a été utilisé pour la première fois en 1721 pour décrire une bière brune et foncée.

La Porter est un style de bière qui a été développé à Londres, au début du XVIIIᵉ siècle. Elle était bien houblonnée et d’apparence sombre en raison de l’utilisation de malt brun. Le nom est né de sa popularité auprès des porteurs de rue et d’eau.

À la fin du XVIIIᵉ siècle, la renommée de la Porter était importante, elle fut le premier style de bière à être brassée dans le monde. Dès cette époque, elle fut brassée tout d’abord en Irlande, puis en Amérique du Nord, en Suède et en Russie.

L’histoire de la Stout et de la porter est intimement liée. En raison de l’énorme popularité des Porters, les brasseurs les ont déclinées en différentes variétés et de forces. Les bières plus fortes, généralement à 7 % ou 8 % d’alcool par volume (ABV), étaient appelées « Stout porters ». La « Guinness Extra Stout » s’appelait à l’origine « Extra Superior Porter » et n’a reçu le nom d’« Extra Stout » qu’en 1840.

Aujourd’hui, les termes sont indifféremment utilisés pour designer une bière brune, plutôt qu’à juste de la bière forte.

Milk Stout

Le milk Stout (appelé aussi sweet Stout ou cream Stout) est un Stout contenant du lactose, un sucre dérivé du lait. Parce que le lactose ne peut pas être fermenté par la levure de bière, il ajoute de la douceur et du corps à la bière finie. Le Stout de lait, qui était censé être nutritif, a été donné aux mères allaitantes et pour aider à augmenter leur production de lait.

Il y a eu des poursuites à Newcastle upon Tyne en 1944 en vertu de la loi de 1938 sur les aliments et drogues concernant l’étiquetage trompeur de la Milk Stout.

Ce type de bière était rare jusqu’à ce qu’il soit relancé par un certain nombre de brasseries artisanales au XXIe siècle.

Oatmeal Stout

L’Oatmeal Stout ou la Stout à l’avoine est une Stout avec une proportion d’avoine, normalement un maximum de 30 %, ajoutée pendant le processus de brassage.

Même si une plus grande proportion d’avoine dans la bière peut conduire à un goût amer ou astringent, durant la période médiévale en Europe, l’avoine était un ingrédient courant dans la bière et des proportions allant jusqu’à 35 % étaient standards. Bien que certaines régions d’Europe, comme la Norvège, s’accrochaient encore à l’utilisation de l’avoine dans le brassage jusqu’au début du XXᵉ siècle, la pratique avait largement disparu au XVIᵉ siècle, à tel point qu’en 1513, les marins anglais refusaient de boire de la bière d’avoine qu’on leur offrait à cause de son goût amer.

Il y a eu un regain d’intérêt pour l’utilisation de l’avoine à la fin du XIXᵉ siècle, lorsque les bières dites réparatrices et nourrissantes, comme la Milk Stout, sont devenues populaires, en raison la croyance que le Porridge (bouilli de céréales) était bon pour la santé.

Au XXᵉ siècle, de nombreux Stouts à l’avoine ne contenaient qu’une quantité minimale d’avoine. Les Stouts à l’avoine n’ont généralement pas le goût spécifique de l’avoine. La douceur des Stouts à l’avoine provient de la teneur élevée en protéines, en lipides et en gommes végétales autorisées par l’utilisation de l’avoine. Les gommes végétales augmentent la viscosité et le corps ajoutant à la sensation de douceur.

Dry et Irish Stout

Au début du XXᵉ siècle, au Royaume-Uni, les « milk Stout » et les « sweet Stout » étaient les plus consommées. Par contre en Irlande, il était préféré les Stouts non sucrés, aux standards sucrés des Anglais et des Américains additionnés de lactose ou d’avoine. Cette Stout fut baptisé « dry Stout » ou « Irish Stout » afin de les différencier. Ce style représente le goût de la Stout typique pour la plupart des gens. Les Stouts les plus vendus dans le monde sont les Stouts irlandais fabriqués par Guinness. D’autres exemples d’Irish Stout sont la Murphy’s et la Beamish, mais il existe aujourd’hui de nombreuses brasseries artisanales en produisant en Irlande.

La Stout irlandaise à la pression est normalement servie avec un propulseur à l’azote, en plus du dioxyde de carbone utilisé par la plupart des bières, pour créer une texture crémeuse avec une mousse de longue durée. Certaines Stouts en conserve et en bouteille incluent un dispositif spécial appelé « widget » pour azoter la bière dans le récipient pour reproduire l’expérience des variétés de fût.

Imperial Stout

L’Imperial Stout, également connue sous le nom de « Russian Imperial Stout », est une Porter forte brassée au XVIIIᵉ siècle à Londres pour être exportée à la cour de Catherine II de Russie. C’était une bière fortement houblonnée et titrant environ 10 % ABV. Sa recette fut inchangée de 1849 à 1986.

Puis l’Imperial Stout fut brassée au Canada, par la suite au Danemark et aux États-Unis où elles très populaires.

Les « Imperial Stout » sont des bieres forte en alcool dont la teneur est supérieure à 9% abv.

Les interprétations américaines de l’Imperial Stout incluent souvent des ingrédients tels que des gousses de vanille, de la poudre du chili, du sirop d’érable, du café et des guimauves. Beaucoup sont vieillis en fûts de bourbon pour ajouter des couches supplémentaires de saveur. Le mot « Imperial » est maintenant couramment ajouté à d’autres styles de bière pour désigner une version plus forte, d’où les IPA imperial ,Pilsners imperial, etc.

La baltic porter

La « baltic porter » est une version de l’Imperial Stout brassée dans la région de la Baltique au XIXᵉ siècle. Initialement exportée au XIIIᵉ siècle de Grande-Bretagne vers les pays de la Baltique, elles ont été recréées, ingrédients et savoirs faire locaux. Les premières versions étaient, jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, des fermentations hautes, puis s’inspirant brassage des lagers de nombreuses brasseries ont commencé à brasser leur Porter avec une fermentation basse.

Elles sont produites en Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, République tchèque, Allemagne, Pologne, Russie, Ukraine, Danemark, Suède et États-Unis.

German Porter, la Porter allemande

Comme dans les autres pays de la région de la mer Baltique, la bière Porter brassée en Allemagne était traditionnellement une bière forte. Dès le début du XIXᵉ siècle, des recettes et des traités ont été publiés pour permettre aux brasseurs allemands de brasser la Porter. Un des premiers textes de langue allemande décrit une recette de production d’une Porter comparable au modèle anglais dans les brasseries allemandes, mais sans l’utilisation de divers ingrédients parfois toxiques de la bière anglaise.

Les premières mentions de brasseries qui produisaient du Porter vers 1820 en Allemagne se trouvent à Althaldensleben et à Halberstadt en Saxe-Anhalt, à Stettin (Szczecin) et à Prillwitz (Przelewice) en Poméranie occidentale dans l’actuelle Pologne. La brasserie Christian Rose à Grabow au Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, en Allemagne (ex-RDA) a une tradition brassicole particulièrement longue et a brassé de la Porter en continu de 1853 jusqu’à sa fermeture au début des années 1990. Après l’arrêt de la production de la Porter à Brême à la « Dreßler-Brauerei » vers 1970, la « Hoepfner-Brauerei » à Karlsruhe était la dernière brasserie à produire de la Porter restante dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest.

En RDA, la Porter était brassée et vendue à petite une échelle. Les sites de brassage comprenaient Grabow, Pritzwalk, Greußen et la brasserie Sternburg près de Leipzig. Les normes pour la bière, y compris la Porter, ont été définies dans la norme industrielle TGL 7764. Après la réunification en 1990, certaines brasseries ont été fermées et les autres ont cessé de produire de la Porter.

Depuis 1998, la « Hoepfner-Brauerei » produit à nouveau de la Porter selon le procédé de basse fermentation.

Le nom « Porter » n’étant plus standardisé, il désigne désormais traditionnellement la bière forte allemande, bien que certaines bières à faible teneur en alcool ou parfois même sucrées, basées sur le style britannique et américain, le soi.

Pastry Stout

Une «  Pastry Stout » (Stout pâtissière) est une bière Stout qui est brassée pour être intentionnellement sucrée dans le but final que la bière imite la saveur et parfois l’apparence d’un dessert. De nombreuses brasseries expérimenteront des « Pastry Stout » aux saveurs telles que : le chocolat, la guimauve, le sirop d’érable, la vanille et divers fruits. Le produit fini aura la saveur et l’arôme des sucreries populaires telles que les crêpes aux myrtilles, les s’mores (biscuit-sandwich à la guimauve1 ou le guim-o-choco), les beignets, les brownies, les gâteaux, la crème glacée et le crumble aux fruits…

La Stout aux huîtres

Les huîtres sont associées depuis longtemps à la Stout. Quand les Stouts ont fait leur apparition au XVIIIᵉ siècle, les huîtres étaient un aliment courant souvent servi dans les débits de boissons et les tavernes. Au XXᵉ siècle, les parcs à huîtres britanniques étant en déclin à cause de la surconsommation et la Stout ayant cédé la place à la pale ale, un certain Ernest Barnes a eu l’idée de combiner à la Stout concentré d’huîtres fabriqué en Nouvelle-Zélande. Elle fut vendue pour la première fois en Nouvelle-Zélande en 1938, et à Londres, l’année suivante.

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